D’après une étude publiée le 5 février par CBInsight, les start-up chinoises spécialisées dans le secteur de l’intelligence artificielle (IA) ont enregistré 232 investissements en 2023. Un chiffre en baisse de 38 % par rapport à 2022, et ce, malgré l’essor de l’IA générative induite par la sortie de ChatGPT d’OpenAI et une certaine appétence des investisseurs pour cette technologie.

2024, une année charnière pour de nombreuses start-up chinoises dans l’IA

En tout, les start-up chinoises de l’IA auraient levé environ 2 milliards de dollars en 2023, un montant trois fois moins élevé qu’en 2022. Une autre étude, réalisée par le cabinet chinois ITJuzi fait état d’un montant de financements plus élevé, atteignant 8,77 milliards de dollars, pour 530 investissements entre janvier et novembre 2023. Néanmoins, le nombre de levée de fonds a chuté de 28 % par rapport à 2022, tout comme les montants engrangés, en baisse de 38 %. L’écart entre les chiffres dévoilés par CBInsight et ITJuzi pourrait s’expliquer par méthodes de comptage utilisées pour quantifier les cycles de financement.

Quoi qu’il en soit, l’intérêt des investisseurs pour les entreprises chinoises de l’IA diminue. Les start-up subissent de plein fouet le ralentissement des investissements, induit par l’inflation, la hausse des taux d’intérêt, et un contexte géopolitique plus tendu. Depuis plusieurs années, le capital-risque américain a été l’un des principaux moteurs de la croissance du secteur technologique chinois. La rivalité technologique grandissante entre les deux superpuissances a eu un impact non négligeable sur les financements des start-up chinoises.

Face à cette situation, les investisseurs américains ont préféré jouer la carte de la prudence. Ces derniers préfèrent s’assurer que ces jeunes pousses disposent d’une structure d’entreprise stable et de solutions de stockage offshore, en dehors de la Chine, garantissant la protection des données personnelles. Ils vont même demander à ce que les fondateurs aient une double nationalité afin qu’ils ne soient pas touchés par les restrictions américaines autour des investissements en Chine.

Aussi, les prouesses technologiques des grands modèles de langage chinois (LLM) sont régulièrement remises en question. Si de grands groupes comme Baidu se targuent de disposer d’un LLM, Ernie Bot, plus performant que ChatGPT en chinois, peu de start-up ont réussi à développer de tels outils. En cause, les sanctions américaines interdisant l’accès aux semi-conducteurs avancés aux entreprises chinoises, des composants nécessaires à la formation et au fonctionnement de LLM.

Malgré tout, quelques organisations ont su tirer leur épingle du jeu. C’est le cas de 01.AI qui a coché toutes les conditions attendues par les investisseurs étrangers. Son fondateur, l’informaticien Kai-Fu Lee, est taïwannais, son modèle de langage open source Yi-34B surpasserait de nombreux outils présents sur le marché, y compris Llama 2 de Meta, et la start-up a pour ambition de développer un modèle encore plus performant, comptant plus de 100 milliards de paramètres.