Fluidifier le parcours du patient et faire gagner du temps au personnel soignant : un modèle gagnant – gagnant, revendiqué par les centres de santé connectés. « Les centres de santé connectés permettent d’améliorer l’expérience du patient et d’obtenir des bilans de santé globaux et rapides », affirme Guillaume Bremond, Président de Visiomed Group, qui opère plusieurs centres high-tech aux Émirats arabes unis et bientôt en Arabie saoudite. Le secteur, en plein boom en France et ailleurs, peut compter sur des populations de plus en plus rompues au numérique.

Beaucoup d’annonces en France et déjà quelques résultats

C’est une annonce unique en son genre. Il y a une semaine, la SNCF a annoncé l’ouverture de centres de santé connectés dans les gares hexagonales desservant des déserts médicaux. À terme, la SNCF, qui souhaite ouvrir ses premières structures l’année prochaine, vise 300 centres digitalisés d’ici 2028. Une initiative réalisée sous la houlette des ARS, de l’Assurance-maladie et des élus locaux pour répondre au besoin grandissant de territoires parfois délaissés. Dans les hôpitaux français et sur l’ensemble du territoire, ce modèle tend à se généraliser, accélérant une tendance lourde depuis la fin de crise sanitaire. Dans le Loiret par exemple, la maison médicale digitalisée, expérimentée depuis juin 2022 par le CHR d’Orléans et destinée à désengorger les urgences, devrait se pérenniser. En bref, santé et numérique font désormais bon ménage alors que, dans le même temps, la digitalisation des données de santé des Français se poursuit à travers les objectifs du Health Data Hub.

« Les centres digitalisés permettent d’améliorer l’expérience du patient et d’obtenir des bilans de santé globaux et, surtout, de connaître plus rapidement ses résultats », explique Guillaume Bremond, Président de Visiomed Group. Si les études concrètes sont encore partielles, les premiers résultats apportés par les centres digitalisés sont satisfaisants. Un centre français de lutte contre le cancer, qui a mis en place un simple système de préadmission numérique, affirme avoir ainsi gagné 8,2 minutes par patient, économisant 40 % du temps pour les patients et les soignants et leur permettant surtout d’augmenter de 50 % le nombre de patients accueillis. Il s’agit donc d’un modèle gagnant – gagnant, pour lequel la crise sanitaire a servi de catalyseur.

Une population de plus en plus acculturée

Sur ce marché porteur, les chiffres confirment ainsi la tendance depuis la Covid-19 Les campagnes de tests à grande échelle pendant la crise sanitaire ont achevé de convaincre que la dématérialisation des résultats et des rendez-vous est désormais incontournable. De plus en plus rares sont les médecins qui ne proposent pas de créneau en distanciel sur les plateformes de réservation.

Les autorités de santé et le personnel soignant peuvent d’ailleurs capitaliser sur l’acculturation croissante des Français aux pratiques numériques pour accompagner la transition du secteur de la santé vers un modèle toujours plus digitalisé. Un sondage IPSOS (pdf), publié en janvier 2023, démontre que la santé connectée recueille l’assentiment de plus de ¾ des Français, malgré la persistance de quelques freins liés à la perception d’une diminution des interactions humaines ou des craintes associées au prétendu manque de fiabilité. 52 % des Français ont ainsi déjà eu recours à une application de suivi de santé, souligne le sondage. « Les barrières qui existent sont très largement psychologiques et ont vocation à tomber peu à peu avec les avantages visibles de ces solutions pour les patients et leur intégration dans les stratégies de soin proposées par les personnels soignants », rassure Guillaume Bremond.

La France veut rattraper son retard

En France, la transition vers la santé numérique a même été érigée au rang de quasi-priorité nationale. L’Hexagone part de loin et occupait, en 2016, la queue de peloton du Health Future Index du groupe Philipps. Entre autres difficultés, la France accusait notamment un retard notable sur l’adoption des dispositifs de santé connectée. Cette stratégie de redressement a été portée, au plus haut niveau de l’État, par le déploiement d’une stratégie d’accélération « Santé Numérique », inscrite dans le plan France 2030 et dotée d’un budget de 650 millions d’euros pour financer la recherche, l’évaluation de dispositifs médicaux numériques, la formation des acteurs de la filière ou encore le soutien à des lieux d’expérimentation.

Des investissements qui pourraient aussi permettre à la France de rattraper son retard sur certains pays, notamment ceux du Golfe arabique, où l’afflux de travailleurs expatriés a poussé les autorités à chercher, au plus vite, l’efficacité dans la réalisation des tests médicaux pour les visas.

A terme, la promesse d’une médecine plus préventive et personnalisée ?

« Le principal atout des centres de santé digitalisés est, demain, d’accompagner le secteur de la santé vers une médecine dite des 5 P : personnalisée, préventive, prédictive, participative et des preuves. En bref, sortir du tout-traitement », souligne Guillaume Bremond, dont le groupe Visiomed, opère trois centres de santé digitalisés aux Émirats arabes unis avec sa filiale Smart Salem et qui prévoit d’un ouvrir un nouveau en Arabie saoudite en 2024 « Nous proposons déjà aux patients des tests bilan de santé très complets et prévoyons d’élargir nos segments de marché vers les tests ADN et la médecine préventive », poursuit Guillaume Bremond.

Le marché est, dans la péninsule arabique, particulièrement porteur grâce aux ambitions des gouvernements en faveur de la numérisation des usages et aux puissants investissements fléchés vers l’écosystème numérique. Les Émirats arabes unis avaient d’ailleurs, en 2016, été classés comme le pays le plus innovant dans le domaine de la santé par le Future Health Index (pdf). « La demande mondiale de ce type de solutions est de plus en plus forte et nos produits sont exportables, à condition que l’on soit capable de les adapter aux besoins et réglementations locales », se réjouit le président de Visiomed, qui ne cache pas sa volonté d’importer, un jour, ses centres de santé connectés en Europe. Le marché de la santé connectée, désormais évalué à 235 milliards de dollars, est en tout cas porteur.