La Première ministre, Élisabeth Borne, a sommé les membres du gouvernement et des cabinets ministériels d’installer Olvid, une application française de messagerie instantanée, sur leurs ordinateurs, tablettes et smartphones. Le 8 décembre prochain, les ministères n’auront plus le droit d’utiliser les principaux outils de messagerie utilisés par le grand public, venant de l’étranger.

Olvid, le WhatsApp français qui donne la priorité à la sécurité

« Les principales applications de messagerie instantanée grand public occupent une place grandissante dans nos communications du quotidien. Toutefois, ces outils numériques ne sont pas dénués de failles de sécurité et ne permettent ainsi pas d’assurer la sécurité des conversations et des informations partagées par leur intermédiaire, » indique la circulaire signée par Élisabeth Borne.

Comme l’indique Le Point, la cheffe du gouvernement invite son gouvernement à utiliser la messagerie instantanée développée par la start-up parisienne Olvid employant une quinzaine de personnes. Cet outil « garantit la protection des données de ses utilisateurs grâce à un annuaire décentralisé et un chiffrement des messages de bout en bout, tout en conservant les mêmes fonctionnalités que les applications actuelles ». Sur son site internet, la jeune pousse affirme que son outil est « le premier et le seul système de messagerie » ne s’appuyant sur aucun tiers de confiance ni sur des serveurs centralisés, tout en cryptant les métadonnées des utilisateurs.

En septembre 2020, Olvid a même reçu une certification de premier niveau de l’Anssi, contrairement à WhatsApp, Signal et Telegram, pourtant très utilisés par les membres du gouvernement et les parlementaires français. Courant décembre, les ministres et leurs collaborateurs ne pourront utiliser que cette application, ou bien Tchap, un outil conçu par l’Administration française pour les fonctionnaires afin de communiquer de manière sécurité, et utilisé par plus de 400 000 agents publics.

Cette mesure s’inscrit indéniablement dans les ambitions de souveraineté du gouvernement français. C’est ce que précise par ailleurs Élisabeth Borne dans sa circulaire : « l’intégration de cette solution constitue non seulement une prise de conscience en matière de cybersécurité, mais aussi une avancée vers une plus grande souveraineté française ».

Plus tôt cette année, les trois questeurs de l’Assemblée Nationale, Marie Guévenoux (Renaissance), Éric Ciotti (Les Républicains) et Éric Woerth (Renaissance), avaient alerté les députés autour de l’utilisation des réseaux sociaux étrangers. Si cette prérogative s’inscrivait dans la démarche des multiples pays occidentaux visant à interdire l’utilisation de TikTok, elle incitait également les élus à ne pas utiliser les applications russes et américaines, dont ceux de Meta, Snap et Telegram.

« Compte tenu de la hausse des possibilités d’exploitation des données personnelles à des fins d’ingérence étrangère, notamment par l’évolution des conditions d’utilisation des médias sociaux tels que Whatsapp, Telegram, Signal, Instagram, Snapchat, TikTok […] nous souhaitons appeler votre attention sur l’utilisation de ces applications, » insistait le mail envoyé par les trois questeurs, faisant de la France, le premier pays à alerter autour de cette problématique.