Universal Music, ainsi que les labels Conrod et ABKCO, dépose plainte contre Anthropic, entreprise spécialisée dans l’intelligence artificielle (IA) générative. Elle est accusée d’avoir exploité un nombre « incalculable » de paroles de chansons protégées par le droit d’auteur pour entraîner son modèle.
Les paroles de musique ne sont pas en libre accès, rappellent les plaignants
Les firmes qui développent des modèles de langage les forment en utilisant d’immenses quantités de textes issus d’Internet, parfois sans faire de distinction entre le contenu sous copyright et en libre accès. Cette pratique pousse de plus en plus de créateurs, notamment des écrivains et des journalistes, à intenter des actions en justice contre ces entreprises. Des artistes spécialisés dans les œuvres visuelles montent également au créneau face aux IA génératrices d’images.
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Les producteurs de musique s’ajoutent désormais à cette liste. Selon les plaignants, qui ont déposé plainte devant un tribunal dans le Tennessee, Anthropic récupère leurs chansons sans autorisation et les utilise pour générer des « copies identiques ou presque identiques de paroles » par l’intermédiaire de Claude, son rival de ChatGPT. Ils rappellent que les sites Internet comme Genius, qui diffusent les paroles de millions de chansons, ont acquis les droits de ces dernières.
« En effet, il existe un marché par le biais duquel les éditeurs concèdent des licences pour leurs paroles protégées par le droit d’auteur, ce qui garantit que les créateurs de compositions musicales sont rémunérés et crédités pour ces utilisations », notent-ils dans leur document de plainte.
Universal Music reproche également à Anthropic, société fondée en 2021, d’avoir utilisé des paroles pour former son modèle. « Ce matériel protégé par le droit d’auteur n’est pas libre d’accès simplement parce qu’il peut être trouvé sur Internet », souligne la maison de disques. Les plaignants assurent qu’Anthropic n’a « jamais tenté » de les approcher pour obtenir une licence.
Universal Music en faveur d’une IA « éthique et responsable »
Pour sa part, Anthropic affirme prendre la confiance et la sécurité au sérieux. L’entreprise a fondé une grande partie de ses produits et de ses principes de recherche sur ce qu’elle appelle « l’IA constitutionnelle », soit un moyen d’entraîner les modèles à suivre un ensemble de règles.
Cette plainte de la part d’Universal Music n’est pas surprenante. Au mois d’avril déjà, la société envoyait des e-mails aux grandes plateformes de streaming pour les sommer de protéger ses musiciens de l’IA. En parallèle, elle collabore avec Google pour accorder des licences sur les voix et les mélodies de ses artistes, afin qu’elles soient utilisées dans des chansons générées par l’IA.
« Les éditeurs sont favorables à l’innovation et reconnaissent l’immense potentiel de l’IA lorsqu’elle est utilisée de manière éthique et responsable. Mais Anthropic viole ces principes de manière systématique et généralisée », ont dénoncé les labels dans leur plainte. L’industrie musicale doit faire face à d’autres problèmes liés à l’émergence de l’IA. Par exemple, les internautes sont toujours plus nombreux à générer des chansons mimant la voix d’artistes existants.