De nouvelles révélations sur les pratiques de Google dans le secteur publicitaire ont fait surface lors de son procès antitrust. La firme de Mountain View aurait modifié sa formule d’enchères publicitaires en 2017, engrangeant plusieurs milliards de dollars de revenus supplémentaires.

15 % de revenus supplémentaires

Google affronte actuellement le département de la Justice américain dans l’un des plus importants procès antitrust du XXIe siècle aux États-Unis. L’entreprise est accusée d’avoir illégalement maintenu un monopole sur la recherche en ligne en versant des milliards de dollars aux navigateurs et fabricants de smartphones. De cette manière, Google Search est resté le moteur de recherche préférentiel sur de nombreux appareils, à l’instar de l’iPhone.

Michael Whinston, professeur d’économie au Massachusetts Institute of Technology (MIT), a été entendu ce vendredi 6 novembre dans le cadre du procès. Il a décrit comment Google a modifié ses enchères publicitaires, là où les espaces d’annonces sont vendus, afin de générer davantage de revenus. Plus de 60 %, des revenus totaux de Google proviennent des annonces sur son moteur de recherche, soit plus de 100 milliards de dollars en 2020. Ces revenus ne cessent d’augmenter annuellement depuis 2012.

Le professeur a décrit le projet « Momiji », dont l’objectif était d’augmenter le prix des enchères au détriment du plus offrant. Les enchères publicitaires de Google exigent que le gagnant ne paie qu’un centime de plus que le second. En 2016, l’entreprise a découvert que les seconds ne proposaient souvent que 80 % de l’offre du vainqueur. Pour éliminer ces 20 % d’écart, la société a donné au second un handicap intégré pour rendre son offre plus compétitive, a affirmé Michael Whinston.

Google a estimé que cette technique, ainsi que la facturation d’un supplément pour les annonces contenant plus de mots dans le texte, permettrait d’augmenter les recettes de 15 %.

Un procès potentiellement historique

L’issue du procès pourrait s’avérer historique et donner un indicateur sur la capacité des régulateurs à réglementer les géants technologiques. De nombreux témoignages se sont également enchaînés, notamment celui du PDG de Microsoft, Satya Nadella. Selon lui, le monopole de Google est tel qu’il est impossible de rivaliser avec la société.

Son accord avec Apple pour maintenir Search comme moteur de recherche par défaut est au cœur de l’affaire. Les concurrents de Google sont unanimes pour dire que ce partenariat les a empêchés de croître. En parallèle, la firme de Mountain View est visée par une autre plainte, potentiellement plus importante, ciblant toute son activité publicitaire.