L’Union européenne a publié une liste de technologie dite « critique » le 3 octobre. L’objectif de la démarche est d’inciter les États membres à évaluer et surveiller l’usage et les destinataires de ses dernières, c’est aussi pour les protéger de vols par des puissances rivales. Si aucun pays précis n’a été nommé, la Chine et la Russie viennent immédiatement à l’esprit.

Quatre technologies sensibles sujettes à évaluations

Le Commissaire européen au Marché Intérieur, Thierry Breton, a déclaré que l’UE avait la missio « de surveiller en permanence ses technologies critiques, pour préserver ses intérêts stratégiques & sa sécurité ». Avec Věra Jourová, Vice-présidente de la Commission européenne en charge des Valeurs et de la Transparence, ils ont mis présenté les quatre domaines technologiques jugés critiques par l’institution : l’intelligence artificielle, semi-conducteurs avancés, informatiques quantiques, biotechnologies.

Cette liste a été dressée sur la base de plusieurs critères, leurs caractères duals, c’est-à-dire un usage civil pouvant être détourné pour des applications militaires, leurs potentiels de nuisance, notamment pour la paix et les libertés fondamentales, leurs capacités à révolutionner des secteurs d’activités entiers… L’Europe souhaite à la fois éviter que ses technologies ne soient utilisées à mauvais escient, mais aussi les protéger et les préserver de la curiosité d’autres pays. Les États membres sont appelés à mener des évaluations objectives des risques d’ici la fin de l’année.

La Commission européenne, avec cette recommandation, suit la feuille de route établie en juin dernier, sur une stratégie globale de sécurité économique. Celle-ci repose sur trois principes, promotion de la compétitivité de l’UE, protection contre les risques et partenariat avec d’autres pays pour répondre à des problématiques communes. Thierry Breton considère qu’avec cette liste « l’Europe met fin à l’ère de la naïveté et agit comme une véritable puissance géopolitique ».

Une liste de technologies prochainement élargie ?

Dans son communiqué, la Commission européenne fait état de dix technologies critiques en tout. Si quatre d’entre elles ont été mises en avant, six autres technologies importantes pourraient être ajoutées à la liste. Parmi elles, les outils de connectivité avancée utiles pour la navigation, des technologies de détections avancées, des technologies spatiales dont celles de propulsion hypersonique, la robotique, et l’énergie dont la fusion nucléaire.

Bloomberg a révélé l’existence de dissensions au sein de l’Union européenne. Plusieurs membres n’étaient pas d’accord sur le nombre de technologies à inclure dans la liste. La majorité a estimé nécessaire de publier un nombre de domaines restreint dans un premier temps, c’est le choix qui a été fait.

Après les évaluations des États membres, la Commission européenne étudiera les rapports pour proposer, avec les 27 des mesures d’atténuation des risques à mettre en place d’ici le printemps 2024. Elle pourrait prendre la forme, par exemple, d’un encadrement aux exportations, mais aucune piste n’a été formellement ouverte par Bruxelles sur le sujet.