Mauvaise journée pour Booking. L’agence de voyages en ligne (AVL), vient de se voir refuser, par l’autorité de la concurrence européenne, le rachat du groupe suédois eTraveli ce 25 septembre. L’opération à 1,63 milliard de dollars a été dévoilée en 2021, l’enquête était ouverte depuis novembre 2022.

Booking passe de mauvaises vacances

« L’acquisition d’eTraveli par Booking renforcerait la position dominante de cette dernière sur le marché des agences de voyages en ligne et entraînerait probablement des coûts plus élevés pour les hôtels et, éventuellement, pour les consommateurs » à en croire les déclarations du commissaire à la Justice, Didier Reynders.

La Commission européenne a estimé que le rachat par Booking représente une menace sérieuse pour la concurrence. Booking est active dans l’hôtellerie, l’entreprise dispose de 60 % de ce sous-marché des AVL. Il est celui qui est jugé le plus rentable, avec 40 milliards d’euros générés par ans. eTraveli, propriété de la société de capital investissement CVC Capital Partners, est le deuxième AVL dans le sous-secteur du voyage aérien, le second plus rentable.

Le risque d’inertie dans le comportement des utilisateurs a été jugé sérieux, ce qui aurait renforcé une position déjà dominante de Booking. La société a bien tenté de faire plier la Commission, avec une proposition alternative au cours de l’été.

L’idée était alors de proposer d’offrir aux internautes consommant sur eTraveli plusieurs solutions d’hébergement, y compris de solutions concurrentes de Booking. Seul critère pour la mise en avant, l’offre la moins chère.

« Les mesures correctives offertes par Booking ne répondaient pas adéquatement aux préoccupations de la Commission en matière de concurrence », a écrit l’institution dans son communiqué. 15 000 professionnels auraient été consultés, selon les chiffres donnés par Didier Reynders.

L’antitrust Européen plus sévère ?

Les autorités antitrust ont pointé plusieurs défauts, notamment l’utilisation de la plateforme comparative Kayak pour afficher les hôtels sur eTraveli. Kayak appartenant à Booking, elle semble avoir été accueillie froidement. La Commission a jugé que les conditions de transparences, d’assurance de non de discrimination, les possibilités de contrôle et de mise en œuvre étaient toutes insuffisantes.

Booking a immédiatement répliqué. Selon Glenn Fogel, PDG de l’entreprise américaine, « La décision de la Commission européenne non seulement s’écarte d’une loi et d’un précédent établis, mais elle prive les consommateurs des options de voyage auxquelles ils ont droit ». Il a rappelé que les autorités équivalentes au Royaume-Uni, la CMA, et la FTC aux États-Unis n’ont fait aucune difficulté.

Un appel de la décision l’antitrust Européen a été annoncé. Booking en a profité pour saluer la prolongation d’un partenariat avec eTraveli jusqu’en 2028. La Commission a rappelé que sur 10 ans, seuls 11 accords de rachats ont été refusés sur 3 500 étudiés. Parmi les dossiers en cours figure le rachat de Figma par Adobe, d’iRobot par Amazon, ou de l’opérateur espagnol MasMovil par le français Orange.