Mustafa Suleyman, cofondateur de Google DeepMind et d’Inflection AI, appelle à une réglementation de l’intelligence artificielle (IA) aux États-Unis. Il rejoint ainsi plusieurs autres experts du secteur, alors que les autorités américaines prennent du temps à agir face aux risques posés par cette technologie émergente.

Washington doit agir vite

Inflection AI faisait partie, au mois de juillet, des sept entreprises à s’être engagées auprès de la Maison Blanche à sécuriser l’usage de l’intelligence artificielle à travers diverses mesures. Dans une interview accordée au Financial Times, Suleyman estime que ces engagements doivent être mis en œuvre à l’échelle législative le plus rapidement possible.

Le chercheur explique que le gouvernement américain doit appliquer des normes mondiales pour l’utilisation de l’IA. Selon lui, Washington devrait également limiter les ventes de puces Nvidia, qui jouent un rôle essentiel dans l’entraînement des systèmes d’intelligence artificielle avancés. Les acheteurs devraient par exemple accepter d’utiliser cette technologie de manière sûre et éthique.

Mustafa Suleyman affirme que les préoccupations liées à l’intelligence artificielle se concentrent trop sur le long terme. « Une trop grande partie de la conversation se focalise sur la superintelligence, ce qui est une énorme distraction. Nous devrions nous concentrer sur les capacités pratiques à court terme qui vont apparaître dans les dix prochaines années qui sont, à mon avis, raisonnablement prévisibles », a-t-il détaillé.

L’ajout prochain de mémoire aux modèles actuels leur permettra de stocker « deux ou trois idées et de raisonner dessus ». Cela débloquera toute une série de nouvelles applications pour ces systèmes, qui pourront jouer un « rôle d’expert très cohérent, capable de coordonner, de décider, de planifier, de raisonner et de faire preuve de discernement », continue Suleyman. Il estime que les décideurs américains ne sont pas assez rapides pour prévenir ces avancées, les contrôler et les réglementer.

Suleyman salue l’AI Act

Avec son modèle de langage Pi, Inflection AI est considérée comme un sérieux concurrent à OpenAI, qui a créé GPT-4. La société a récemment levé 1,3 milliard de dollars, et prévoit de mettre au point un assistant personnel capable de jouer un rôle actif dans la gestion de la vie de ses utilisateurs.

Suleyman n’est pas le seul dirigeant d’une entreprise spécialisée dans l’IA générative à appeler à une plus importante réglementation du secteur. Sam Altman, PDG d’OpenAI, ainsi que Sundar Pichai, patron de Google, ont également tenu des propos similaires. Une lettre cosignée par des scientifiques et des dirigeants d’entreprises alerte par ailleurs sur les risques posés par la technologie, qui sont semblables à ceux des armes nucléaires et des pandémies.

Le cofondateur d’Inflation AI salue par ailleurs l’AI Act, législation européenne qui servira de cadre à l’usage de l’IA au sein de l’UE. Elle rendra notamment les développeurs responsables de la manière dont leur technologie sera utilisée. Enfin, Suleyman appelle à la création d’une nouvelle institution mondiale, sur le modèle du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), afin de rendre plus transparents les systèmes d’IA développés par les entreprises privées.