En vertu d’une loi récemment approuvée par le Sénat du Canada, Google et Meta se verront obligés de négocier des accords commerciaux avec les médias locaux afin de diffuser leurs actualités sur ses plateformes. Contre ce nouveau cadre législatif, les deux groupes ont décidé de ne plus relayer les liens redirigeant vers des articles canadiens.

Meta et Google bloquent les médias canadiens, le gouvernement riposte

Le 22 juin dernier, l’institution législative canadienne a adopté le projet de loi C-18, plus connu sous le nom de loi sur les nouvelles en ligne. Elle impose à Google et Meta de payer une taxe sur les liens lorsqu’une actualité d’un média canadien apparaît sur l’un de ses services. Cette nouvelle réglementation vise à aider le secteur de la presse en déclin depuis des années dans le pays. En quinze ans, le gouvernement canadien affirme que 20 000 journalistes ont perdu leur emploi et que 451 médias divers et variés ont dû mettre la clé sous la porte.

« La perte de revenus des salles de rédaction au Canada n’est pas seulement un problème pour les journalistes concernés, c’est un problème pour l’ensemble du pays » a déclaré Chrystia Freeland, vice-première ministre canadienne et ministre des Finances. Avec sa nouvelle loi, le Canada espère capter une partie des revenus générés par les deux géants de la tech afin de les redistribuer aux acteurs d’un secteur qu’il considère en perdition.

Toutefois, Meta et Google ne l’entendent pas de cette oreille. D’abord, l’entreprise de Mark Zuckerberg a décidé de ne plus publier les actualités canadiennes. En réaction, Justin Trudeau, premier ministre du Canada, a ordonné à son gouvernement de ne plus utiliser Facebook, ni Instagram pour la communication des ministères.

Les deux géants de la tech mettent la pression sur le Canada

Luce Julien, la directrice générale de l’information de Radio-Canada, a invité les internautes « à changer leurs habitudes de consultation de nouvelles et à aller directement sur les sites et les applications de leurs médias préférés au lieu d’utiliser l’intermédiaire des réseaux sociaux ». Elle affirme que « Google et Meta ne créent pas de nouvelles. Ils se nourrissent et s’enrichissent grâce aux contenus produits par d’autres, servis à leurs utilisateurs par leurs puissants et opaques algorithmes ».

De son côté, la firme de Mountain View a suivi le même chemin que Meta en bloquant tous les médias canadiens de son moteur de recherche, sa section Actualités et Discover. Dans un communiqué, l’entreprise explique qu’elle est « prête à payer pour soutenir le journalisme au Canada, assurant même qu’elle le fait déjà ». La société juge que « malheureusement, lorsque vous mettez un prix sur les liens, vous brisez la façon dont le Web et les moteurs de recherche fonctionnent ».

Pour Google et Meta, la situation semble claire : soit la loi C-18 peut être modifiée après négociations, soit le blocage des médias canadiens sur leurs plateformes se poursuivra.