L’étau se resserre autour de Binance. Alors que la société et son fondateur Changpeng Zhao font déjà l’objet d’une plainte déposée par la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), la Securities and Exchange Commission (SEC) tape à son tour. Le 5 juin, le gendarme boursier américain a annoncé avoir assigné en justice la plus grosse plateforme d’échanges de crypto-actifs et son patron pour contournement des réglementations, fraudes et dissimulations. BAM Trading Services, qui s’occupe de Binance.US, la plateforme américaine du groupe, est également poursuivie.

Treize chefs d’accusation contre Binance et Changpeng Zhao

Selon le document de 136 pages (pdf) déposé auprès d’un tribunal fédéral de Washington, Binance a laissé des résidents américains utiliser Binance.US alors que l’entreprise, sa cryptomonnaie BNB et ses autres produits financiers n’étaient pas enregistrés auprès de la SEC. Les autorités américaines estiment que la société aurait empoché au moins 11,6 milliards de dollars de recettes entre juin 2018 et juillet 2021 auprès de ses utilisateurs américains par le biais de ses frais de trading, de courtage et de chambre de compensation. « Binance s’est enrichi de milliards de dollars américains tout en exposant les actifs des investisseurs à un risque important », insiste le gendarme des marchés américain.

D’autre part, la SEC accuse la place d’échanges de détournement de fonds et de manipulation. Dans sa plainte, elle explique que Binance aurait transféré des fonds déposés par les utilisateurs vers une autre entité détenue par Changpeng Zhao. Les milliards de dollars de dépôts auraient ensuite été envoyés vers les sociétés Merit Peak Limited et Sigma Chain, qui appartiendraient au fondateur. Ce dernier en aurait utilisé une partie pour s’acheter un yacht. Or, Binance.US et sa maison mère sont censés être indépendantes l’une de l’autre.

Au total, Binance et Changpeng Zhao sont visés par treize chefs d’accusation. Le gendarme de la Bourse estime que l’entreprise a pratiqué ses activités dans « un mépris flagrant des lois sur la sécurité des échanges et la protection des marchés ».

Binance nie les accusations en bloc

Le fondateur de Binance s’est emparé de son compte Twitter pour répondre à ces accusations. Comme à son habitude, il a commencé son message avec le chiffre “4”. Auparavant, Changpeng Zhao avait expliqué que s’il publiait un tweet avec ce chiffre, cela signifiait qu’il fallait « ignorer les fausses rumeurs ». « Notre équipe est entièrement disponible et s’assure que les systèmes sont stables, y compris les retraits et les dépôts », a-t-il ajouté dans son tweet.

Il a également lancé un sondage sur le réseau social afin d’obtenir la défense de la communauté crypto. « Qui vous protège le plus, la SEC ou Binance ? », a-t-il demandé à ses followers.

Le fondateur s’est exprimé plus amplement sur la situation dans un communiqué. « Depuis le début, nous avons activement coopéré dans le cadre des enquêtes de la SEC et nous avons travaillé dur pour répondre à leurs questions et à leurs inquiétudes », a expliqué Binance sur son site. « Toute allégation indiquant que les actifs des utilisateurs sur la plateforme Binance.US ont été mis en danger est tout simplement fausse », a-t-elle précisé.

Le SEC a tous les acteurs du marché des cryptomonnaies dans le viseur. Ce mardi 6 juin, le gendarme financier américain a également déposé une plainte contre la plateforme d’échange de cryptomonnaies Coinbase pour non-respect des régulations.