Roland Busch, PDG de Siemens, assure que son entreprise continuera d’étendre ses parts de marché en Chine malgré les efforts de l’Allemagne pour réduire sa dépendance au pays, considéré comme risqué d’un point de vue géopolitique.

La Chine, marché trop important pour Siemens ?

S’alignant sur les pays occidentaux menés par les États-Unis, Berlin appelle les entreprises allemandes à diversifier leurs activités en dehors de l’Empire du Milieu. En agissant ainsi, le pays tire les leçons de sa grande dépendance au gaz russe, qui l’a plongé dans une situation particulièrement contraignante lorsque la guerre en Ukraine a débuté. Par exemple, le chancelier Olaf Sholz réfléchit à une manière de limiter l’exportation de produits chimiques nécessaires à la fabrication de semi-conducteurs vers la Chine.

Interrogé par le Financial Times à ce sujet, Roland Busch s’est montré catégorique en affirmant qu’il n’était « pas envisageable » de se retirer de ce marché, qui représente 13 % du chiffre d’affaires de Siemens. « Je défendrai ma part de marché et, si je le peux, je l’augmenterai », a-t-il continué.

Selon lui, l’Empire du Milieu propose des solutions qui ne sont pas disponibles ailleurs. « Où puis-je trouver les clients qui me tirent vers le prochain niveau d’innovation, qui sont exigeants et qui recherchent la prochaine technologie ? Dans de très nombreux cas, il s’agit de la Chine », a-t-il déclaré.

Malgré les risques, la Chine est un marché très attractif

Depuis quelques années, Siemens a métamorphosé son modèle pour se tourner vers le développement d’outils numériques à usage industriel. Le rachat de Brightly Software l’année dernière en est un exemple, tout comme sa collaboration avec Nvidia pour étendre l’usage des jumeaux numériques pour les entreprises. La Chine est devenue particulièrement importante pour la branche des industries numériques de Siemens, qui compte pour environ un cinquième de son chiffre d’affaires dans le pays.

De nombreuses entreprises, dont Siemens, cherchent à délocaliser leur production de la Chine vers d’autres pays d’Asie du Sud-Est où les salaires sont moins élevés. D’autres s’inquiètent des tensions géopolitiques croissantes avec l’Occident au sujet d’une possible invasion de Taïwan, et des restrictions imposées par les États-Unis à l’accès de la Chine aux technologies de pointe, qui nuisent à la viabilité du pays en tant que base manufacturière pour les exportations.

Néanmoins, la deuxième puissance économique mondiale reste un marché très attractif pour de nombreuses industries, les propos de Roland Busch en sont la preuve et ne relèvent pas d’un cas isolé. Il y a quelques semaines, John Neuffer, président et directeur général de la Semiconductor Industry Association, affirmait que les acteurs américains du secteur des semi-conducteurs continuaient de convoiter la Chine. « C’est notre plus grand marché et nous ne sommes pas la seule industrie à le revendiquer. Nous pensons qu’il faut jouer sur ce marché », assurait-il.