Il y a un an, Orange a annoncé l’arrêt du réseau cuivre pour 2030. Il est pourtant encore utilisé par un tiers des français connectés à internet en ADSL. Quelques mois après son annonce, les concurrents du premier opérateur de français ont fait part de leur inquiétude à l’ARCEP. Ce mercredi 21 mars, Xavier Niel, fondateur de Free, en a remis une couche devant la commission des affaires économiques du Sénat.

Le plan d’Orange n’inciterait pas les français à migrer vers la fibre

L’Arcep « se couche devant Orange » a tonné Xavier Niel lors de son discours. En février 2023, Orange, après une autorisation de l’Arcep obtenue en octobre dernier, a relevé le tarif du dégroupage sur le réseau cuivre afin de compenser l’augmentation de l’IFER (une taxe spécifique aux entreprises du secteur). Les concurrents utilisant le réseau sont obligés de verser une somme mensuelle à Orange. Depuis le mois dernier, elle est de 10,04 euros pour chacun des 6 millions de clients abonnés en ADSL, contre 9,65 euros auparavant.

Logiquement, cette augmentation ne plaît pas aux concurrents, sachant que les hausses pourraient se multiplier selon Xavier Niel, « nous sommes dans un contexte difficile pour les opérateurs avec l’inflation et l’augmentation des prix de l’énergie, on a besoin d’une stabilité du cadre concurrentiel ».

En plus de cet avantage économique, le plan 2030 n’inciterait pas assez les français à migrer de l’ADSL vers la fibre. Le fondateur de Free souhaiterait que le réseau cuivre soit fermé le plus rapidement possible afin de rentabiliser ses investissements dans la fibre. Cette accélération est également souhaitée par les autres principaux acteurs du marché Bouygues et SFR.

« Quand on déploie une zone en fibre optique, 75-80 % des personnes vont prendre spontanément un abonnement à la fibre. Pour 10 % des foyers, il va falloir expliquer. Et puis on a les irréductibles, qui représentent 10-15 % des foyers. Le seul élément qui va permettre de les faire basculer c’est l’extinction du cuivre. On pense que c’est une erreur générale de laisser cinq ans entre le moment où on dit qu’on va fermer une zone et le moment de la fermeture, car la fermeture commerciale n’a aucun impact sur la migration, » plaide Xavier Niel.

Pour trouver un compromis, le principal actionnaire du groupe Iliad s’est dit prêt à accepter une hausse du tarif du dégroupage. À condition que celle-ci prenne effet « un an avant la fermeture réelle du réseau de cuivre pour inciter la migration des abonnés récalcitrants » poursuit Xavier Niel.

De son côté, l’Arcep a ouvert, en février 2023, une consultation sur les nouvelles conditions de marché qui seront imposées à Orange sur l’Internet fixe dans la perspective de l’extinction de l’ADSL. Le régulateur espère permettre à l’opérateur d’achever au plus vite ses travaux de déploiement de la fibre pour endiguer les pertes et accélérer la fermeture du cuivre.