L’Inde est en retard sur les infrastructures pour accueillir les voitures électriques mais les constructeurs veulent déjà s’y imposer. BYD, l’une des marques les plus puissantes de Chine a déclaré, mercredi 11 janvier, au India Auto Expo 2023, vouloir investir massivement le marché indien dans les prochaines années. Cette annonce a fait bondir la valeur des actions de l’entreprise.

BYD va devoir affronter une concurrence rude

Lors d’une interview au India Auto Expo 2023, Sanjay Gopalakrishnan, vice-président de la filiale indienne de BYD, a déclaré que l’entreprise cherche à s’emparer de 40 % du marché indien, « étant un constructeur mondial, nous devons garder des objectifs agressifs ». Il a poursuivi « l’Inde est un bon pari car les personnes se rendent compte de la nécessité des voitures électriques et l’infrastructure de recharge se met en place ».

Plus d’une dizaine de constructeurs ont présenté des voitures électriques lors du salon. Pourtant le passage du pays vers l’électrification de son parc automobile est en retard par rapport à la Chine ou les Etats-Unis. Le gouvernement indien ne veut pas d’importation de voitures produites dans les pays voisins. Pour se développer en Inde, les marques doivent construire sur place. L’exécutif souhaite devenir le premier pays à avoir une flotte automobile 100% électrique. Alors les entreprises se battent pour s’imposer sur le quatrième marché automobile du monde.

MG Motor India, filiale du groupe chinois SAIC Motor, a déclaré mercredi qu’elle prévoyait de lancer trois modèles électriques d’ici la fin de l’année prochaine. De son côté, le constructeur coréen KIA a annoncé qu’il investira 20 milliards de roupies (227 millions d’euros) dans le pays au cours des cinq prochaines années pour fabriquer des voitures électriques sur place et commercialiser un premier modèle en 2025.

BYD est déjà sur le marché indien depuis 2007, il lancera son troisième modèle électrique d’ici la fin de l’année. Une berline de luxe rejoindra le premier véhicule électrique lancé par la marque dans le pays en 2022. L’objectif des ventes sera de 15 000 modèles cette année.

La voiture de BYD Seal vendu en Inde.

Présentation de la nouvelle berline de BYD en Inde. Photographie : BYD India

Ces investissements interviennent dans un contexte compliqué, l’Inde est de plus en plus méfiante concernant les entreprises chinoises. Le constructeur automobile de l’Empire du Milieu, Great Wall Motor, a dû annuler ses plans d’investissement d’un milliard de dollars après le refus du gouvernement du rachat d’une usine de General Motors. L’exécutif du Premier Ministre Narendra Modī enquête également sur une irrégularité financière de MG Motor India.

Pour surmonter les obstacles liés à l’activité d’une entreprise chinoise en Inde, BYD tente de rassurer ses investisseurs. Sanjay Gopalakrishnan a déclaré que l’entreprise se positionne comme une puissance technologique « mondiale » et veut acquérir « la confiance des clients ». La stratégie de l’entreprise est d’abord de vendre ses voitures les plus chères pour présenter les technologies « haut de gamme qu’elle peut importer », a-t-il ajouté. La population indienne ne lésine pas sur le prix, 41 % des 3,8 millions de voitures vendues l’année dernière coûtait plus d’un million de roupies (12 000 euros). Le discours semble avoir convaincu, la valeur des actions de la société a bondi de 9,1 % ce jeudi.

Pour se conformer à la politique locale, BYD construit actuellement ses voitures indiennes dans une usine du sud-est du pays à Chennai, à une centaine de kilomètres de Pondichéry. Le vice-président de l’entreprise a déclaré que le nombre de manufactures augmentera dans les deux prochaines années lorsque la demande sera plus forte. Aujourd’hui, Chennai peut produire, à pleine capacité, 50 000 véhicules par an. Dans l’immédiat, BYD ne prévoit pas de produire ses batteries sur place et continuera de les importer depuis la Chine.