Suite à la panne massive d’Orange le 2 juin dernier, le Sénat a décidé de mener une « mission de contrôle » dans l’objectif de faire un état des lieux des réseaux d’acheminement des communications d’urgence. La conclusion des sénateurs est sans appel : le système est obsolète. Pour le Sénat, il devient primordial de franchir un cap technologique.

Le réseau cuivre présente des fragilités

Le 2 juin 2021, de 16h45 à 00h, une partie des appels vers les numéros d’urgence n’ont pas pu aboutir. Tout cela à cause d’une panne massive chez Orange. Durant ce laps de temps, près de 10 000 communications d’urgence n’avaient pas pu être acheminées sur le territoire national. De quoi alerter les autorités et pousser les sénateurs à mener une enquête pour comprendre d’où vient le problème. Selon leurs premières conclusions, « l’acheminement de la grande majorité des communications d’urgence par le réseau cuivre, présente des fragilités ».

Sur la base d’une enquête menée par l’Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), les sénateurs rappellent que 85% des 781 numéros d’urgence à dix chiffres sont utilisés par des centres qui ont un raccordement en RTC, c’est-à-dire via un réseau cuivre… Les sénateurs constatent également qu’il « aura fallu à Orange près de trois heures pour organiser la première réunion de la cellule de crise interne et près de quatre heures pour établir un premier contact avec un autre opérateur pour signaler un dysfonctionnement ».

Le Sénat veut moderniser l’acheminement des numéros d’urgence

Dans leur rapport, les sénateurs disent regretter que la directive européenne du 11 décembre 2018, établissant le code des communications électroniques, « ne considère pas l’acheminement des numéros d’urgence comme faisant partie des obligations du service universel des communications électroniques ». Le gouvernement doit encore désigner un nouveau prestataire pour assurer ce service universel. Le Sénat souligne également que certains services utilisés pour le traitement des appels d’urgence ne sont plus mis à jour et sont dépourvus de géolocalisation…

Pour tenter de moderniser les réseaux qui acheminent les numéros d’urgence, les sénateurs font deux propositions. La première consiste à améliorer la prévention. Le Sénat préconise le développement de solutions technologiques qui permettraient « d’améliorer la fiabilité des transmissions des appels d’urgence ». Deuxième recommandation : développer de nouvelles possibilités d’informer les populations en cas de panne des numéros d’urgence. Il pourrait être pertinent de prédéfinir des « moyens alternatifs permettant aux services de secours d’être contactés en cas de panne  des numéros d’urgence ». On pense au sms ou à Internet.

Les sénateurs, en accord avec le rapport de l’Anssi, estiment que la panne du 2 juin n’était que le début d’une longue série à venir. Les élus craignent que des pannes plus lourdes ne surviennent et qu’elles paralysent totalement les services de secours et les numéros d’urgence. Les conséquences pourraient alors être bien plus lourdes que de simples retards, comme ce fût le cas le 2 juin dernier.