Le 6 décembre 2021, une action en justice a été déposée à l’encontre du réseau social et de sa maison-mère Meta. Les Rohingyas réclament 180 milliards d’euros à Facebook pour son rôle dans le génocide birman. Les victimes accusent Facebook de ne pas avoir empêché l’incitation à la violence en ajustant son algorithme.

Les Rohingyas réclament 180 milliards d’euros à Facebook

Selon le recours déposé par les victimes du génocide Rohingyas, la négligence de Facebook aurait « facilité le génocide des Rohingyas en Birmanie ». Les personnes à l’origine de la plainte déposée au Royaume-Uni et aux États-Unis, estiment notamment que les algorithmes du réseau ont amplifié les discours haineux. Selon eux, « la plateforme n’a rien fait pour retirer les messages incendiaires publiés au moment du génocide ». Un génocide dont le régime au pouvoir était l’acteur principal. Un pays où la technologie est toujours au service de l’armée.

Les Rohingyas réclament donc une indemnisation de 180 milliards d’euros pour « réparer les dommages causés ». On peut lire dans le recours collectif que Facebook était probablement prêt à échanger la vie des Rohingyas contre une meilleure pénétration du marché en Asie du Sud-Est. Les victimes du génocide ont été soumises à des actes de violence grave, de meurtre et/ou d’autres violations graves des droits de l’Homme. En 2018, Facebook a reconnu qu’il n’avait pas fait assez pour empêcher l’incitation à la violence et les discours de haine contre les Rohingyas, la minorité musulmane en Birmanie.

Facebook reconnaît son rôle dans le génocide birman

Parallèlement, l’entreprise a commandé un rapport indépendant sur ce sujet pour comprendre comment elle avait failli. Ce rapport avait également révélé que « Facebook a facilité la propagation de la haine au moment du génocide des Rohingyas ». Malgré les faits et bien que Facebook reconnaisse sa culpabilité et se prononce sur son rôle dans le monde, « pas un seul centime d’indemnisation, ni aucune autre forme de réparation ou de soutien, n’a été offert aux survivants », précise l’avocat des victimes.

Dans le cadre des plaintes déposées, certaines publications sont citées. En 2013, on pouvait lire ceci sur Facebook : « nous devons les combattre comme Hitler l’a fait avec les Juifs, satanés Kalars ». En 2018, au-dessus d’un post montrant une photo d’un bateau rempli de réfugiés Rohingyas, on pouvait lire cela : « versez du carburant et mettez le feu pour qu’ils puissent rencontrer Allah plus rapidement ». Selon Médecins sans Frontières, au moins 10 000 Rohingyas ont été tués lors des « opérations de nettoyage » menées par l’armée birmane.

Frances Haugen, la lanceuse d’alerte sur les mauvais comportements de Facebook, estime que la plateforme encourage la violence inter-ethnique dans des pays comme l’Éthiopie et qu’elle ne fait pas assez pour y mettre fin. Elle affirme que 87% des dépenses consacrées à la lutte contre la désinformation sont dédiées aux contenus en anglais, alors que seuls 9% des utilisateurs de Facebook sont anglophones. En réponse à ces accusations, Facebook a déclaré avoir mis en place une « stratégie globale pour les pays exposés à des conflits et à la violence ».