L’affaire du Projet Pegasus continue. D’après les informations obtenues par Le Monde ce 29 juillet 2021, les autorités françaises auraient trouvé des traces du logiciel espion édité par la société israélienne NSO Group dans le téléphone personnel d’un journaliste de France 24. L’analyse a également confirmé que les téléphones de Lenaïg Bredoux, journaliste de Mediapart, et d’Edwy Plenel, directeur du site d’information, avaient eux aussi été infectés.

Le logiciel Pegasus a laissé des traces de son passage

Le 19 juillet 2021, un consortium de 17 médias travaillant de paire avec Amnesty International a révélé que le logiciel espion Pegasus avait été utilisé par divers gouvernements à travers le monde pour espionner des centaines de journalistes, d’avocats et de hautes personnalités politiques, en dehors de tout cadre légal.  Ces conclusions sont arrivées après qu’Amnesty International ait eu accès à une liste de 50 000 numéros de téléphone connus comme étant des cibles de Pegasus, et que son Security Lab ait analysé 67 appareils. Parmi eux, 23 présentaient des traces claires d’infection, et 14 autres présentaient les signes d’une tentative d’espionnage.

Ces révélations ont rapidement laissé place à une enquête de la part des autorités françaises. Un journaliste de France 24 hautement placé et qui était soupçonné d’être une cible du logiciel espion de NSO Group, a accepté de faire analyser son téléphone par l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (Anssi). Notons que son appareil n’avait pas été préalablement analysé par Amnesty International. La conclusion de l’analyse a toutefois été sans appel : son téléphone personnel présente bel et bien des traces d’intrusion laissées par Pegasus. Au total, le logiciel espion aurait approché l’appareil à trois reprises : en mai 2019, en septembre 2020, et en janvier 2021.

Les téléphones d’Edwy Plenel, fondateur de Mediapart, et de Lenaïg Bredoux, l’une des journalistes du site d’information, ont eux aussi été soumis à une analyse de la part des autorités françaises. Notons qu’à la différence du téléphone du journaliste de France 24, leurs appareils avaient déjà été analysés par Amnesty International, qui avait confirmé avoir trouvé des traces de Pegasus. Ici, pas vraiment de surprise donc : les services de l’Etat ont confirmé les conclusions déjà avancées par l’organisation.

 

L’étau se resserre pour NSO Group

Depuis la révélation du Projet Pegasus, NSO Group dément fermement toute implication. L’entreprise s’est notamment défendue en affirmant que la liste de 50 000 numéros sur laquelle se base toute l’enquête n’a aucun lien avec elle. Une ligne de défense à laquelle n’a pas cru Will Cathcart, PDG de WhatsApp, puisqu’en 2019, sa firme avait dû porter plainte contre la firme israélienne pour des faits similaires. Et les premières conclusions des autorités françaises semblent de toute évidence donner raison au grand patron du service de messagerie.

Pour tenter d’en savoir plus, Israël a lancé sa propre enquête cette semaine. Le président Emmanuel Macron, dont l’un des téléphones a également présenté des traces de Pegasus, s’est entretenu avec le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, pour souligner l’importance d’une « enquête appropriée » sur cette affaire.

Enfin, du côté des États-Unis, des membres démocrates du Congrès ont appelé à sanctionner l’entreprise, voire à la fermer, si toutes les révélations d’Amnesty International venaient à être confirmées.