Après avoir été accusé d’espionnage contre des hommes politiques et des journalistes de premier plan, le New York Times rapporte que le gouvernement grec vient d’annoncer l’interdiction de l’utilisation des logiciels espions. Le dernier chapitre d’un long scandale en Grèce.

Les logiciels espions bientôt interdits en Grèce ?

Lundi 7 novembre 2022, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a annoncé vouloir interdire l’utilisation des logiciels espions dans le pays. Quelques semaines plus tôt, un reportage affirmait qu’il aurait lui-même ordonné l’utilisation de ce genre de logiciels contre des dizaines hommes politiques, des journalistes et des chefs d’entreprise. Cette annonce du gouvernement sonne comme le dernier chapitre d’une affaire qui date de l’été 2022.

En Grèce, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a bel et bien reconnu que les services de renseignement de l’État avaient surveillé un chef de parti d’opposition au moyen « d’une écoute téléphonique traditionnelle » l’année dernière. Le gouvernement grec a déclaré que la mise sur écoute était légale. Le Premier ministre a affirmé que cette opération avait été effectuée à son insu. Néanmoins, il réfute l’utilisation de logiciels espions. L’homme politique concerné a pourtant découvert qu’il avait également été ciblé par un programme d’espionnage connu sous le nom de Predator.

Le gouvernement a même affirmé qu’il ne « possédait pas et n’utilisait pas » le logiciel Predator. Le ciblage simultané par une écoute téléphonique et Predator serait donc une coïncidence. Le Premier ministre a insisté sur le fait que les services de renseignement grecs n’utilisaient pas Predator, mais a déclaré que quelqu’un d’extérieur au gouvernement pourrait le faire. Le 3 novembre, il a pris la parole pour déclarer que « la Grèce sera le premier pays à s’attaquer à ce problème et à adopter une législation qui interdira explicitement la vente des logiciels espions ».

En juillet 2021, suite aux révélations sur le Projet Pegasus, Edward Snowden avait appelé à l’interdiction du commerce des logiciels espions. Aujourd’hui, Predator est en train de s’imposer au niveau mondial comme une alternative moins chère et moins réglementée que Pegasus. La Grèce est loin d’être le seul pays concerné. Ces armes puissantes infiltrent les smartphones et s’emparent de leur contenu. Les logiciels espions ont par exemple été utilisés pour infiltrer les téléphones des employés du principal organe de presse du Salvador, El Faro, et les appareils de diplomates palestiniens de haut rang.

En Grèce, une partie de la situation reste obscure. Les autorités ont qualifié d’illégale l’utilisation des logiciels espions, mais pas leur vente. Il convient de préciser que durant des mois, le gouvernement a ignoré les appels des journalistes et des partis d’opposition à enquêter sur le fabricant de Predator, Intellexa, qui a transféré son siège social de Chypre à la Grèce en 2021.