Euclidia, une alliance soutenue par le Conseil national du logiciel libre (CNLL), l’association européenne des innovateurs en télécommunications de nouvelle génération (EANGTI), le fonds de dotation du Libre (FDL) et OW2, souhaite valoriser des solutions cloud 100% européennes. Si sa mission est la même que celle de Gaia-X, une initiative franco-allemande qui doit permettre aux entreprises européennes de profiter de services cloud, ses convictions ne sont pas les mêmes selon les fondateurs.

Euclidia veut se battre pour la souveraineté numérique de l’Europe

Euclidia est composée de 23 membres fondateurs : Abilian, Amarisoft, Beremiz, BlueMind, Clever cloud, E. corp, Jamespot, Innoroute, Linbit, Netframe, Nexedi, Nextcloud, ng-voice, Nitrokey, OpenSVC, Patrowl, Rapid.Space, Scaleway, SenX, Signal18, Submer, Vates et XWiki. Que des entreprises européennes et fières de l’être. En effet, c’est sur ce point qu’Euclidia souhaite faire la différence avec Gaia-X, dont les managers sont tous dans des grandes entreprises qui ont des accords stratégiques avec AWS, Microsoft et qui ont globalement des liens très forts avec les GAFAM.

Avec le soutien de du CNLL et d’OW2, Euclidia entend bien se démarquer. Jean-Paul Smets, vice-président d’Euclidia et PDG de Rapid.Space et fondateur de Nexedi, précise que : « cette alliance réunit des acteurs prêts à fournir sous licence des technologies cloud à des gouvernements qui veulent dépendre le moins possible d’acteurs étrangers en supprimant les problèmes d’extraterritorialité ». Le ton est donné. Parmi les technologies cloud proposées par cette alliance, on retrouve notamment le classique triptyque IaaS, PaaS et SaaS, mais aussi d’autres technologies : edge ou vRAN.

Finalement, Gaia-X ne cherche plus à lutter contre les GAFAM

Pour l’heure, Euclidia ne dispose pas encore d’une forme juridique. Il ne s’agit que d’une initiative, mais ses ambitions sont grandes. Les membres fondateurs souhaitent agrandir leur cercle et promettent qu’une centaine d’entreprises pourraient constituer l’alliance à court terme et potentiellement 200 d’ici quelques années. Jean-Paul Smets rappelle que si la mission d’Euclidia est effectivement la même que celle de Gaia-X, les deux initiatives « n’ont en réalité que cela en commun ». Selon lui : « Euclidia fait ce que Gaia-X ne peut pas faire ».

Euclidia veut proposer des technologies cloud 100% européennes garanties sans fournisseurs américains ou chinois. En octobre 2020, les membres fondateurs de Gaia-X affirmaient même que : « les géant du web chinois ou indiens pourront même rejoindre le projet de cloud européen ». Une déclaration qui semblait déjà aller à l’encontre du principe de Gaia-X.

Pourtant, selon le ministre allemand Peter Altmaier : « l’enjeu central du projet est de rassembler les fournisseurs de services et d’infrastructures existantes autour d’un référentiel qui liste des attributs obligatoires, tels que l’absence de soumission à certaines réglementations comme le Cloud Act américain ». C’est précisément sur ce point qu’Euclidia souhaite se différencier.

En effet, le projet Gaia-X ne vise finalement plus à lutter contre les GAFAM, mais plutôt à faire appel à eux tout en garantissant un très haut niveau de sécurité et de protection de données. Ce n’est pas le combat que veut mener Euclidia, qui entend bien proposer une solution 100% européenne.