Le 23 juin 2021, la Commission européenne (CE) et l’Association de Partenariats Européens pour les Batteries (BEPA) ont signé un protocole d’accord de recherche et développement : le programme BATT4EU. En d’autres termes, la CE et le BEPA ont signé un accord préalable en vue d’un programme européen sur les batteries. Ce partenariat public-privé a été signé dans le cadre des Journées européennes de la recherche et de l’innovation.

Le programme BATT4EU vise à accroître la compétitivité européenne sur la production de batteries lithium-ion. Le projet vise à réduire le prix des batteries destinées aux transports de 60% et d’augmenter leur capacité également de 60%. BATT4EU vise une commercialisation pour 2030. Pour cela, 925 millions d’euros sont mobilisés. Aujourd’hui, 90% des batteries en sont fabriquées en Asie et seulement 1% en Europe. De fait, sur les dernières décennies, le vieux continent s’est beaucoup désindustrialisé.

Les besoins en batteries augmentent, que ce soit pour répondre à la demande croissante de mobilité électrique ou pour celle de l’Internet des Objets (IoT). « Elles permettront le déploiement de la mobilité zéro émission et du stockage des énergies renouvelables, contribuant ainsi directement au succès du pacte vert européen », revendique le président de la BEPA Michael Lippert rapporté par Clubic.

BATT4EU : ambitions ou conséquences écologiques ?

Le projet européen ambitionne de « rattraper son retard dans ce domaine important et elle le fera en plaçant la durabilité environnementale et la circularité au cœur de sa production de batteries afin de répondre aux ambitions de la transition énergétique verte », indique un communiqué de la BEPA.

BATT4EU s’inscrit dans le Pacte vert pour l’Europe, un ensemble d’initiatives politiques proposées par la CE pour rendre le bilan carbone de l’Europe neutre d’ici 2050. À voir sous quelle définition de neutralité le projet est impulsé : celle du protocole de Kyoto qui relève avant tout de la compensation carbone, ou celle au sens de la science qui désigne l’équilibre entre les émissions et les absorptions de CO2.

Évoquer l’aspect écologique des batteries ne fait pas toujours l’unanimité, notamment car l’extraction du lithium et du cobalt nécessaires à la production de batteries demeure polluante. Ainsi, Reporterre pointe du doigt les 200 millions de litres d’eau quotidien utilisés sur le site d’Atacama au Chili.

Mais « comment justifier de détruire des territoires comme le bassin des Salinas Grandes et la lagune de Guayatayoc, occupés par quelque 7.000 habitants, 33 communautés autochtones et ethniques, et tout un mode de vie fondé sur la coresponsabilité et la démocratie directe, comment donc justifier cette destruction au nom de la lutte contre la pollution de l’air dans des villes, une contamination à laquelle ces communautés n’ont pris aucune part ? », interroge le militant Roger Moreau auprès de Reporterre à propos de l’extraction minière.

Inspiré du langage SMS, le 4 du nom du programme tire son sens du jeu de mots anglophone entre le chiffre 4 – four – et le mot pour – for –. BATT4EU signifie donc des batteries pour l’Europe.

Le projet s’inscrit dans le programme de recherche et innovation européen Horizon Europe. En janvier 2021, un autre projet paneuropéen de batteries avait déjà été annoncé : l’European Battery Innovation.