Une nouvelle étape importante vient d’être franchie dans le monde de l’informatique quantique. Après Google en 2019 et une équipe de physiciens chinois de l’Université de sciences et de technologie de Chine fin 2020, des chercheurs européens du CNRS viennent de démontrer « l’avantage quantique ».

Les chercheurs du CNRS démontrent « l’avantage quantique »

Selon Iordanis Kerenidis, chercheur au CNRS et directeur de la startup QC Ware France : « la démonstration expérimentale de cet avantage est particulièrement complexe et représente un enjeu majeur de la recherche internationale ». En effet, une course contre la montre technologique mondiale est engagée dans le domaine du quantique. Les résultats d’une équipe de chercheurs du CNRS permettent à l’Europe de se positionner aux côtés des États-Unis et de la Chine. Ils viennent de : « prouver qu’une machine quantique peut effectuer une tâche de vérification donnée en quelques secondes alors que le même exercice prendrait un temps équivalent à l’âge de l’univers pour un ordinateur classique ».

Selon un article paru dans Nature Communications, les chercheurs européens ont : « combiné un algorithme interactif complexe, qui permet de résoudre un certain type de problèmes mathématiques avec des informations limitées, et un système expérimental photonique simple, réalisable dans tous les laboratoires photoniques de pointe ». Il faut bien comprendre qu’un ordinateur quantique n’est pas juste un ordinateur « plus rapide » qu’un ordinateur classique. La réalité est qu’il s’agit d’un ordinateur qui calcule d’une manière complètement différente ce qui laisse penser que nous pourrions explorer tout un tas de nouvelles technologies grâce au quantique.

En faisant la démonstration de « l’avantage quantique », les chercheurs prouvent que les machines quantiques qui existent déjà peuvent faire mieux que les supercalculateurs classiques pour résoudre un problème. L’informatique quantique pourrait par exemple nous permettre de résoudre des problèmes qui semblent insurmontables aujourd’hui : ceux liés au climat, à l’énergie, à l’intelligence artificielle, la biologie et la chimie. Avec cette annonce, l’Europe prouve qu’elle continue d’être un leader mondial sur les technologies quantiques. De quoi satisfaire le président Macron qui mise beaucoup sur le quantique avec, notamment, le déblocage de 1,8 milliard d’euros pour soutenir la recherche.

L’Europe aux côtés de Google et de la Chine

En octobre 2019, Google affirmait avoir atteint la « suprématie quantique ». Une équipe de chercheurs de la société américaine réussissait à l’époque à faire fonctionner un ordinateur quantique et à démontrer « qu’un système quantique complexe peut être fiable ». Selon John Preskill, physicien à l’origine de la définition de la « suprématie quantique », déclarait que le succès de Google était : « une étape importante sur ce qui sera probablement une route longue et sinueuse vers la suprématie quantique. Google a développé une machine intéressante. Nous vivons dans une époque où les machines vont rapidement se développer, mais nous ne savons pas encore quoi en faire ».

De son côté, la Chine affirme avoir développé un appareil quantique 10 milliards de fois plus rapide que celui de Google. Les chercheurs chinois affirment eux aussi avoir atteint ce fameux « avantage quantique ». Jiuzhang, le nom du système en question, serait capable de réaliser en 4 minutes des calculs réalisés en 2,5 milliards d’années par le meilleur superordinateur chinois, le 4e plus puissant au monde à l’heure actuelle. Vraisemblablement, la performance du processeur chinois s’explique par son approche, optique, différente de celle des supraconducteurs en métal refroidi de Google.