Alors que l’Union européenne (UE) s’apprête à adopter de nouvelles mesures pour réguler les géants de la tech, ces derniers demandent à être mieux protégés pour modérer le contenu présent sur leurs plateformes plus efficacement, rapporte Bloomberg.

Les plateformes craignent des dérives

L’organisation EDiMA, qui représente notamment Facebook, Google et ByteDance, la maison-mère de TikTok, vient de lancer un appel auprès des régulateurs de l’UE. Elle leur demande de meilleures protections pour les entreprises technologiques concernant la modération des contenus. Actuellement, la législation européenne garantit une immunité aux plateformes pour le contenu qui y est posté, mis à part dans le cas où elles ont une réelle connaissance de ce dernier, lorsqu’un utilisateur signale une publication par exemple. Une fois au courant, les plateformes sont obligées d’agir ou risquent une sanction.

C’est ici que la position des géants du Web se complique. Ils estiment en effet qu’en détectant du contenu haineux à l’aide d’algorithmes ou d’autres systèmes basés sur la technologie, ils seront considérés comme responsables de leur présence sur la plateforme par l’UE et risqueront alors des sanctions. Ils redoutent par ailleurs d’entraver la liberté d’expressions de internautes : « Nous voulons que les utilisateurs disposent d’un moyen efficace pour obtenir une explication sur les raisons du retrait de leur contenu et qu’ils puissent facilement faire appel de ce retrait », explique EDiMA.

« Tous nos membres prennent leur responsabilité très au sérieux et veulent faire plus pour lutter contre les contenus et les activités illégales en ligne », a déclaré Siada El Ramly, directrice générale de l’organisation. « Une protection juridique européenne pour les fournisseurs de services leur donnerait la latitude d’utiliser leurs ressources et leur technologie de manière créative pour y parvenir », a-t-elle ajouté.

Une nouvelle loi dans peu de temps

Cette tentative de lobbying n’intervient pas par hasard : l’UE est sur le point de durcir le ton face au monopole des GAFA à travers le nouveau Digital Services Act. Ce texte prévoit en effet une meilleure régulation des géants de la tech, et devrait appuyer sur la responsabilité des plateformes pour le contenu qu’elles hébergent. ADiMA cherche ainsi à minimiser les sanctions prévues pour les firmes qui ne respectent pas la loi.

Il n’y a pas qu’en Europe que les GAFA sont dans le viseur des autorités. Les législateurs américains réfléchissent en effet à réinterpréter la Section 230 du Communications Decency Act. Les PDG de Facebook et Twitter, Mark Zuckerberg et Jack Dorsey, sont en outre appelés à comparaître devant le Sénat pour censure.