Lee Kun-hee, président de Samsung Electronics, s’est éteint ce dimanche 25 octobre 2020 à l’âge de 78 ans. C’est sous son impulsion que l’obscure entreprise locale sud-coréenne de l’époque, a pu se transformer en l’un des plus importants acteurs du secteur technologique d’aujourd’hui. Retour sur la carrière de cet homme d’affaires visionnaire.

La légende de Lee Kun-hee

Nous sommes en 1987. Lee Byung-chul vient de s’éteindre et laisse derrière lui Samsung, firme qu’il a fondé en 1938. Il choisit comme successeur son troisième fils, Lee Kun-hee. Ce dernier hérite alors d’une entreprise déjà implantée dans de multiples secteurs d’activité parmi lesquels les assurances, la distribution, la sécurité, la finance, la construction, la chimie, mais aussi (et entre autres) dans l’industrie électronique depuis la fin des années 60, grâce à un rapprochement avec le japonais Sanyo.

Pourtant, Samsung peine à s’exporter au-delà des frontières sud-coréennes, notamment de part sa stratégie privilégiant la quantité de production, à la qualité de ses produits. C’est en 1993 que Lee Kun-hee décide de changer les règles du jeu. Il marque un tournant en convoquant 150 des plus hauts cadres de sa division électronique dans un hôtel de Francfort. Dans un discours de sept heures faisant l’apologie d’une montée en gamme, le dirigeant ordonne : « Changez tout, sauf votre femme et vos enfants ».

Le ton est donné : désormais, Samsung fera de la qualité de ses produits une priorité. Deux ans plus tard, en 1995, Lee Kun-hee démontre sa détermination à faire appliquer ce nouveau leitmotiv en ordonnant de faire de brûler, sous une banderole « la qualité est ma fierté », 40 millions d’euros de fax et téléphones sans fil jugés comme étant « indignes » de la marque et ce, devant 2 000 ouvriers. Des coups d’éclat qui continueront d’animer la présidence de Lee Kun-hee tout au long de son règne et qui mèneront, peu à peu, l’entreprise à développer sa plus puissante division actuelle : Samsung Electronics.

Entre 1987 et 2014, la capitalisation totale du groupe aurait ainsi été multipliée par 348 et les ventes auraient été, quant à elles, multipliées par 34 selon les calculs de FnGuide. En 2020, les revenus de Samsung seraient équivalents à 23% du PIB de la Corée du Sud. Notons par ailleurs que son troisième trimestre a été couronné de succès, notamment grâce à la chute de Huawei.

Qui succèdera à « Chairman Lee » à la tête de Samsung ?

C’est à travers un communiqué de presse que Samsung a annoncé la mort de son président historique : « C’est avec grande tristesse que nous annonçons la mort de Lee Kun-hee, président de Samsung Electronics. Le président Lee était un véritable visionnaire qui a transformé Samsung en faisant d’une entreprise locale un leader mondial de l’innovation et de la puissance industrielle”.

Si le groupe fait l’éloge de son défunt dirigeant, une question de pose : qui succédera à Lee Kun-hee, à la présidence de Samsung ? Depuis 2014, année durant laquelle Lee Kun-hee a été affaibli par une crise cardiaque foudroyante, c’est son fils et vice-président, Lee Jae-yong, qui a assuré les affaires de l’entreprise. En toute logique, la présidence de Samsung devrait donc lui revenir.

Toutefois, l’homme de 52 ans est la cible de plusieurs procès en Corée du Sud pour des affaires de corruption et de manipulation boursière, ce qui pourrait lui coûter de nouvelles peines de prison. Rappelons qu’en 2017, Lee Jae-yong a été condamné à 5 ans de prison ferme. Après plusieurs mois passés derrière les barreaux, il fait appel à sa condamnation et se retrouve finalement libéré au mois d’août. En 2021, il se retrouvera à nouveau face aux tribunaux sud-coréens pour répondre à de nouvelles accusations. Un contexte particulièrement délicat qui pourrait, à terme, affaiblir considérablement la position du groupe.