Après Google Actualités, Apple News+ et bientôt la chaîne News d’Amazon sur Fire TV, il ne manquait plus que Facebook, parmi les GAFA, à ne pas avoir de fil consacré à l’actualité. C’est désormais officiel, Facebook va également sauter le pas.

Une annonce sans surprise

Le communiqué de Facebook France n’a pas vraiment pris son monde au dépourvu tellement le futur onglet Actualités de Facebook n’avait plus rien d’un mystère. C’est Mark Zuckerberg lui-même qui en parlait hier, le 23 octobre, devant la Chambre des Représentants « Plus tard cette semaine, nous ferons une annonce importante concernant le lancement d’une grande initiative sur les actualités et le journalisme dans le cadre de laquelle nous nous associons avec beaucoup de gens pour créer un nouveau produit qui appuie le journalisme de haute qualité ».

Au cours de son intervention, le fondateur de Facebook a expliqué plus précisément la forme que doit prendre cette initiative sur les actualités, « Je pense qu’il y a une opportunité au sein de Facebook et de nos services de créer un espace dédié, un onglet dans les applications, par exemple, où les gens qui veulent vraiment voir une sélection d’actualités de grande qualité, pas seulement du contenu social, mais aussi des éditeurs de qualité, pourraient aller pour consommer ce contenu ».

L’annonce officielle n’a pas traîné, puisque par le biais d’un communiqué, l’entreprise de Palo Alto a annoncé être en cours de discussion avec les éditeurs français pour cet espace dédié aux actualités, « Nous voulons soutenir un journalisme de qualité, et croyons qu’un nouvel espace dédié aux actualités donnera aux utilisateurs français accès à des sources plus fiables, et les amènera à découvrir de nouveaux médias, élargissant ainsi l’audience des contenus de nos partenaires ».

Ce n’est pas la première fois que l’idée de mettre en avant l’actualité titille Facebook. En octobre 2017 le réseau social testait « explore feed », une séparation en deux parties distinctes du fil actuel, l’un pour les relations sociales, l’autre pour les éditeurs de presse, les marques, etc.

Le test a effrayé les community manager de tout poil qui le vivaient comme une exclusion du flux principal des 2 milliards d’abonnés de Facebook. Explore feed, testé au Sri Lanka, en Bolivie, en Slovaquie, en Serbie, au Guatemala et au Cambodge n’avait pas pris, et en mars 2018 Facebook annonçait la fin de l’expérience.

À la place il a été décidé de tout laisser dans le fil d’actualités, mais en donnant davantage de visibilité aux contenus publiés par les amis, les contenus sociaux, que ceux des éditeurs. Selon une étude de l’université d’Oxford, « l’audience générée par le réseau social a baissé de 9% en moyenne au cours des trois mois ayant suivi le changement d’algorithme ».

Autant dire que les médias sont crispés sur le sujet. En août le Wall Street Journal donnait les premières informations sur la nouvelle mouture d’un Facebook Actualités. Plusieurs médias américains, ABC News, Dow Jones, The Washington Post et Bloomberg auraient été approchés par Facebook pour acquérir une licence de contenu allant jusqu’à 3 millions d’euros.

Facebook montre sa bonne volonté vis-à-vis des médias

En France depuis le 24 octobre et l’arrivée du droit voisin, Facebook va devoir négocier des licences avec les médias français. Le réseau affirme être en conformité avec la législation puisque les éditeurs de presse décident déjà de la publication ou non et de ses modalités lors de leur publication, « Nous allons ainsi continuer d’afficher leurs contenus dans un format enrichi, en y incluant les images, les titres, les extraits et autres champs qu’ils publient via leur flux RSS ».

Contrairement à Google Facebook semble faire un pas vers les éditeurs de presse en préférant la négociation au bras de fer, « Nos discussions avec les éditeurs français pour définir ce à quoi ressemblerait la meilleure expérience en la matière [un onglet actualité dédié] et comment nous pourrions rémunérer nos partenaires de façon appropriée, sont déjà en cours et se poursuivront au-delà du 24 octobre ».

Le réseau social en profite également pour rappeler tout le bien que Facebook fait aux éditeurs de contenus, « nous continuerons de permettre à nos partenaires de monétiser leurs contenus à travers de nombreux outils – en fonction de ce qui fonctionne le mieux pour leurs activités – comme les pauses publicitaires, les groupes, l’outil Instant Articles, les abonnements ou les événements. Ces outils ont généré pour les éditeurs de presse des centaines de millions de dollars de revenus ».

Les éditeurs sont moins dithyrambiques vis-à-vis de leur collaboration avec Facebook. En septembre le président du groupe Le Monde, Louis Dreyfus, admettait que le recrutement d’abonné extérieur du journal, 15% des abonnements, provenaient en premier lieu de Facebook, « de loin ». Mais d’un autre côté, dans une tribune publiée en 2018 les patrons d’agences médias fustigeaient la situation de domination de Facebook et Google, « ces acteurs attirent à eux l’essentiel des recettes publicitaires qui permettaient jusque-là au secteur de la presse de vivre : Google et Facebook ont ainsi capté en 2017 80% des investissements publicitaires mondiaux sur Internet ».

Face à cette situation Facebook semble avoir fait le choix de la collaboration avec les médias via son futur onglet « actualités » tandis que son futur concurrent, Google Actualités a fait le choix du clash.