Le président de la puissance qui a inventé l’intelligence artificielle s’est-il enfin réveillé ?
Comme le remarque le MIT Technology Review, « la Chine, le Canada et la France ont pris, ces dernières années, des mesures plus énergiques que les USA pour que cette technologie leur soit utile. » Cet état de fait pourrait cependant changer bientôt.

Executive order

Donald Trump signera ce 10 février un « executive order » qui lancera officiellement l’initiative du gouvernement américain en matière d’intelligence artificielle. Une « initiative » portée par l’administration de la politique scientifique et technologique (Office of Science and Technology Policy).

Il s’agit de réallouer des fonds, et créer de nouvelles ressources en mettant au point des moyens permettant au pays de façonner la technologie, même si celle-ci devient incroyablement globale.

 

Concrètement, il y a 5 points-clés

  1. Réallouer les fonds. L’ordonnance obligera les agences de financement à hiérarchiser les investissements.
  2.  Créer des ressources . Les données fédérales, les modèles informatiques et les ressources IT seront mises à la disposition des chercheurs en intelligence artificielle.
  3.  Établir des normes : l’Institut national des normes et de la technologie (NIST) s’y emploiera afin de favoriser le développement de systèmes fiables sécurisés, portables et interopérables.
  4.  Former les salariés : les agences devront donner la priorité à préparer les travailleurs aux changements apportés par l’IA. Il s’agira de créer des programmes de formation et des bourses.
  5.  S’engager sur le plan international. Il faudra une stratégie de collaboration internationale garantissant que l’IA est développée de manière compatible avec les « valeurs et les intérêts » américains.
  6. Logique floue

    On le voit, c’est une syntaxe et un vocabulaire très « langue de bois » qui surnage de ce texte que la revue du Massachusetts Institute of Technology trouve encore bien flou. Ce n’est pas nouveau.

    En août dernier déjà, la presse trouvait Trump un peu long à la détente sur le sujet de l’IA. Certes, il lançait bien alors un plan assorti de 1,7 milliard de dollars, mais il semblait le faire à reculons, sous la pression de son secrétaire d’État à la défense d’alors, Jim Mattis.

    Celui-ci l’avait « imploré » de lancer une feuille de route capable de résister aux avancées de la Chine en la matière. L’approche était très militaire à l’époque, avec la création d’un Joint Artificial Intelligence Center (JAIC), censé coordonner les efforts américains au niveau national.

    Tardif et inadapté

    Déjà, une réponse de ce type apparaissait aux observateurs à la fois tardive, inadaptée et très floue.

    Elon Musk ne l’avait pas attendue pour créer une sorte d’équivalent privé,OpenAI .
    L’administration de Barak Obama, elle, avait déjà lancé un plan national stratégique en IA, en octobre 2016. Seulement voilà : l’élection de Donald Trump était venue ensuite retarder les choses dans un domaine où la vitesse est le critère majeur.

    En février 2017, un rapport du Pentagone lançait le signal d’alarme sur le retard inquiétant que prenaient les Etats-Unis face à la Chine en la matière.

    Et pour couronner le tout, la Silicon Valley se faisait assez réfractaire à l’approche « militaire » du JAIC et de l’administration. La collaboration de Google avec l’armée (projet Maven) a été très mal vécue en interne, pétitions à l’appui.

    Nouveau dynamisme ?

    Ce nouvel épisode relancera-t-il la flamme ?

    Cela reste à suivre. En attendant, les USA prennent des mesures défensives. Le département du Commerce, proposait ainsi de contrôler les ventes de technologies d’IA sensibles en novembre dernier.

    Il s’agissait d’éviter que les transferts de technologie aient « un impact négatif sur le leadership américain dans les secteurs scientifiques, technologiques, industriels et de l’ingénierie ».

    Le leadership, vraiment ? Jusqu’à quand ?