Peu importe que l’on ait 20 ans ou 40 ans, les entrepreneurs qui ont réussi sont, dans le subconscient collectif, représentés par Steve Jobs, cofondateur d’Apple, Bill Gates, cofondateur de Microsoft, Larry Page, cofondateur de Google (Alphabet). Si ces derniers sont l’exemple de la réussite entrepreneuriale des années 1980-1990, on peut aujourd’hui citer Mark Zuckerberg, cofondateur de Facebook en 2004. Au-delà du fait que ces entrepreneurs, qui ont réussi, n’ont pas été seuls, ils sont l’incarnation de la jeunesse entrepreneuriale à succès et ainsi du mythe américain. Ce même mythe du succès qui a traversé l’Atlantique en même temps qu’Internet. Les entrepreneurs cités avaient en moyenne 21 ans lors du début. En comparaison à cet âge-là, je jouais à Assassin’s Creed II sur PC sans projet ni avenir en tête…

Du coup, une question légitime vient à être posée quand une personne souhaite se lancer en tant que chef d’entreprise : suis-je encore assez jeune pour lancer mon idée ? Mais surtout, puis-je réussir ?

Avec les succès retentissants de Mark Zuckerberg, Steve Jobs et Bill Gates dans le monde entier, qui ont fait croître, dans le subconscient collectif occidental, l’idée que le succès des entrepreneurs soit issu des étudiants de génie qui ont bâti leur entreprise dans leur dortoir. Notre approche quantitative, axée sur les données en apprentissage automatique montre que c’est un mythe. […]

Des chercheurs se sont donc attelés à trouver des réponses à ces questions. Leurs résultats s’avèrent positifs, mais encore mieux, démystifie l’entrepreneuriat et l’amalgame entre jeunesse et réussite. Cependant, pour avoir la même base, il faut définir ce qu’est un entrepreneur qui réussit selon l’étude. La réussite est dans notre cas financière (ce qui limite le champ, mais là n’est pas la question) : « un entrepreneur à succès est une personne ayant fondé une société privée avec une ou plusieurs séries de financement incluant des sociétés à capital-risque« . Concrètement, les entrepreneurs qui ont su lever des fonds auprès d’acteurs tiers entre deux et plusieurs dizaines de millions d’euros d’investissement (série B et A).

Que faut-il retenir du mythe du jeune entrepreneur qui réussit ?

L’étude a été réalisée par des chercheurs américains de l’Université de Californie à Berkeley en avril 2018. L’intérêt de la recherche réside également dans la méthodologie en combinant études classique sur l’entrepreneuriat et méthode d’apprentissage automatique (machine learning).

Les résultats de l’étude ont montré (aux États-Unis) que :

[…] les entrepreneurs les plus prospères ont tendance à avoir entre 10 et 12 ans d’expérience salariale après leur diplôme avant de créer une entreprise à succès.

En conclusion, si tu as plus de 12 ans d’expérience en tant que salarié et que tu es père de famille (cette donnée n’apparaît pas dans l’étude…), tes chances de réussites entrepreneuriales sont optimales.

Je me permets de terminer sur mon expérience plus personnelle (quoique je la partage avec Valentin) avec Shine Media, la société qui édite Siècle Digital. En premier lieu, un autre amalgame récurrent et idéalisé de l’entrepreneuriat : la micro-entreprise. Si ce statut a des avantages, il suffit de consulter un banquier, un avocat ou encore un expert-comptable pour désenchanter sur celui-ci. Ce cap inclut des risques financiers, c’est d’ailleurs là où la prise de risque ne se conclut pas. Si l’on reprend l’étude, un salarié avec 12 ans d’expérience aura un salaire beaucoup plus élevé que le jeune diplômé. Devoir sacrifier son confort et augmenter son endettement au moment où les dépenses peuvent se révéler les plus fortes : crédits immobilier, enfants, achat d’équipements liés au confort souhaité… Pour autant l’entrepreneuriat à notre niveau permet de créer une micro-économie beaucoup plus valorisante et valorisable que deux ou trois lignes de plus sur un CV. Les compétences et la maturité professionnelle s’en sont vues décuplées. À titre de comparaison, je suis encore surpris et désolé pour les professionnels, pourtant bien seniors, que je rencontre d’être à complètement à l’ouest sur les coûts d’une entreprise ainsi que des produits et services proposés. Cela fait écho à l’étude sur le mythe du jeune entrepreneur : il n’y a pas d’âge pour être con, réussir ou non.