Plus les jours passent, plus le bilan empire pour Facebook, comme pour Cambridge Analytica (CA), société qui a récupéré illégalement les données personnelles d’utilisateurs. Au départ, c’est le quiz thisisyourdigitallife, un test de personnalité développé par le professeur Kogan de Harvard, dont on avait connaissance. En répondant aux questions depuis Facebook, les utilisateurs donnaient un accès à leurs données ainsi qu’à celles de leurs amis. Ainsi, Kogan a été en mesure de dresser des profils psychologiques de 87 millions d’utilisateurs, et a revendu ses données à Cambridge Analytica qui les a utilisées pour diffuser des publicités pro-Trump, ou en tout cas influencer une décision de vote. La même société aurait également eu un impact durant la campagne du Brexit.

Interrogée par un comité du parlement britannique, Brittany Kaiser, une ancienne employée de CA a laissé entendre que bien plus d’utilisateurs seraient concernés par la récupération de leurs données. Dans un témoignage écrit, Brittany Kaiser précise :

Je dois souligner que les ensembles de données et les questionnaires de Kogan/GSR n’étaient pas les seuls questionnaires et ensembles de données reliés à Facebook utilisés par Cambridge Analytica. Je suis au courant dans un sens général d’un large éventail d’enquêtes qui ont été faites par CA ou ses partenaires, généralement avec un login Facebook – par exemple, le « sex compass quiz ». Je ne connais pas les particularités de ces enquêtes ni la façon dont les données ont été acquises ou traitées. Mais je crois qu’il est presque certain que le nombre d’utilisateurs de Facebook dont les données ont été compromises par des moyens similaires à ceux utilisés par Kogan est bien supérieur à 87 millions ; et que Cambridge Analytica et d’autres entreprises et campagnes non connectées ont été impliquées dans ces activités.

Brittany Kaiser complétera en affirmant que les équipes créatives, les psychologues, ainsi que les data scientists de CA ont travaillé ensemble afin d’élaborer des questionnaires beaucoup plus aboutis pour les déployer sur Facebook.

« Je ne le savais pas quand j’ai rejoint la société. Mais je voyais des questionnaires – par exemple, il y en avait un qui s’appelait la ‘Sex Compass’ pour savoir quelles étaient vos préférences personnelles en privé. Et puis il y en a eu un autre sur votre ‘Personnalité Musicale’. Dans mes présentations, j’avais l’habitude de donner des exemples même à des clients qui, si vous allez sur Facebook et que vous voyez ces tests de personnalité virale, ils n’auraient pas tous été conçus par Cambridge Analytica/SCL Group ou nos affiliés, mais que ces applications ont été conçues spécifiquement pour récolter des données sur les individus, en utilisant Facebook comme outil. »

L’ancienne employée de CA a également laissé entendre qu’une approche similaire aurait été utilisée en Europe. L’étendue de cette fuite de données pourrait donc non seulement être bien plus importante que prévu, mais également avoir eu de l’influence dans d’autres situations que l’élection de Donald Trump et le Brexit.

On peut également conclure de ces nouvelles informations que la collecte de nos données personnelles via Facebook par le biais d’applications créées avant 2014 (ensuite Facebook a verrouillé certains accès) serait un secret d’initié. Il se pourrait donc qu’il existe d’autres sociétés similaires à Cambridge Analytica qui seraient, elles, plus discrètes, ou plus secrètes.

Réfléchissez bien … combien de fois avez-vous essayé une application qui vous donnait la personne qui regardait le plus votre profil, avec qui vous alliez vous marier, ou quel personnage de Game of Thrones vous étiez … Voilà … Flippant n’est-ce pas ?

Facebook n’est pas au bout de ses peines ni de ses surprises.