Quelques groupes taïwanais en électroniques envisageraient de monter un second siège social loin de leur île d’origine. Ces sociétés, sous-traitants de nombreux groupes occidentaux, sont motivées par le désir de rassurer leurs clients face à la menace chinoise.

L’ombre de la Chine plane sur le détroit

Depuis la fin de la guerre civile en 1949, Taïwan est sous la crainte constante d’une invasion de la Chine. Xi Jinping a entretenu cette menace depuis son accession au pouvoir à Pékin en 2013. Le président chinois a encore répété, à l’occasion du Nouvel An, que les deux peuples devaient être réunifiés. Une pression accrue avec l’arrivée au pouvoir en 2016, de l’autre côté du détroit, du parti démocrate progressiste, réputé plus indépendantiste.

Le risque d’une escalade militaire ne serait pas imminent d’après la plupart des acteurs et observateurs, il n’en demeure pas moins à l’esprit. À l’esprit notamment des commanditaires des sociétés taïwanaises, également témoin de la montée des tensions commerciales et géopolitiques entre la Chine et les États-Unis. Des commanditaires déjà particulièrement marqués par les graves perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiales en produits électroniques lors de la sortie du Covid.

Taïwan s’est fait spécialiste depuis de nombreuses années dans la sous-traitance en produit et composants électroniques. Deux de ses sociétés les plus illustres l’attestent, Foxconn, premier fabricant d’iPhone pour Apple et la Taiwan Semiconductor Manufacturing Corporation (TSMC), premier fournisseur mondial de semi-conducteurs avancés.

L’Europe, les États-Unis, le Japon ont fait de la sécurité de la chaîne d’approvisionnement de leurs entreprises une priorité. Au point de pousser certains fournisseurs taïwanais à réfléchir au scénario d’un deuxième siège social activable immédiatement en cas de crise, selon les informations du Financial Times.

Singapour, la Suisse, le Japon ou les Pays-Bas sont mentionnés comme point de chute potentielle. Deux entreprises, spécialisées dans les composants électroniques à différentes finalités, sont nommément citées par le quotidien britannique : Lite-On, qui n’a pas réagi et Qisda, qui a nié.

Avant le siège social, la production

S’ils existent, ces projets restent à un stade très préliminaire. Le phénomène de délocalisation qui est constaté depuis quelques années se situe davantage au niveau de la production. Une entreprise comme TSMC s’installe au Japon ou aux États-Unis par exemple.

Surtout, des groupes comme Foxconn, premier employeur de Chine continental, cherchent des alternatives à la Chine. Vietnam, Inde, Mexique apparaissent comme de nouvelles destinations plus attrayantes pour les lignes de productions taïwanaises. Outre les tensions géopolitiques bien réelles, l’Empire du Milieu connaît également une situation économique moins dynamique que par le passé avec, entre autres, une augmentation des coûts de production.