La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), administration relevant du ministère de l’Économie, dresse un premier constat après avoir contrôlé 310 influenceurs en deux ans.

Des manquements parfois graves

En mai 2023, la France devenait le premier pays à encadrer législativement le métier d’influenceur. Au premier rang pour faire respecter cette nouvelle réglementation, la DGCCRF a doublé ses contrôles en deux ans. Candidats de téléréalité, influenceurs mode, beauté ou « lifestyle », influenceurs dans la restauration ou le sport, créateurs de contenus humoristiques, streamers de jeux vidéo, l’organisme a contrôlé 98 influenceurs actifs sur les réseaux sociaux en 2022, puis 212 en 2023.

« Près de la moitié d’entre eux étaient en anomalie », annonce l’organisation dans un communiqué de presse. Majoritairement, elle a constaté « la mise en œuvre de pratiques commerciales trompeuses consistant à ne pas indiquer le caractère commercial de leurs publications, ou à ne pas identifier clairement la personne pour le compte de laquelle elles sont diffusées ».

La DGCCRF dénonce également des faits plus graves, pouvant mettre en danger les internautes qui suivent ces influenceurs. Ils consistent « à déclarer ou à donner l’impression que la vente d’un produit ou la fourniture d’un service est licite alors qu’elle ne l’est pas ». Elle prend pour exemple les injections d’acide hyaluronique par une esthéticienne ne disposant pas de la qualité de médecin ainsi que la vente de produits contrefaits ou dangereux.

D’autres ont faussement affirmé qu’un produit est de nature à guérir des maladies, à l’instar de compléments alimentaires pour soigner le cancer. L’organisme regrette en outre la promotion de conseils en paris sportifs, un service qui induit en erreur le consommateur sur sa capacité à gagner aux jeux d’argent.

Le secteur s’autorégule grâce à la loi

Le bilan de la DGCCRF est en adéquation avec une enquête récemment menée par la Commission européenne sur 576 influenceurs, établissant que la grande majorité d’entre eux a recours à des pratiques douteuses.

L’instance française, pour sa part, a adressé 35 avertissements aux influenceurs coupables de manquements ponctuels. « Pour les pratiques les plus graves et délibérées, 81 injonctions de mise en conformité ont été adressées ainsi que 35 suites pénales », indique-t-elle.

Dans un bilan sur la loi influenceurs dressé au mois de mars par les députés, ils ont notamment regretté le manque de moyens humains pour appliquer le texte. Les législateurs font toutefois état d’un secteur qui s’autorégule, avec des influenceurs faisant évoluer les pratiques eux-mêmes. De son côté, la DGCCRF assure que « la majorité des influenceurs contrôlés se mettent en conformité ».