Au cours des prochaines semaines, le gouvernement britannique pourrait modifier sa législation sur la surveillance en ligne. Les entreprises Tech pourraient se voir imposer d’effectuer des changements majeurs quant à la confidentialité et la sécurité de leurs services. Apple s’oppose fermement à cette mise à jour, même si cela l’oblige à supprimer FaceTime et iMessage au Royaume-Uni.
Des lois britanniques qui ne font pas l’unanimité
Une loi est au cœur du conflit entre le gouvernement britannique et la marque à la pomme : l’Investigatory Powers Act (IPA), entrée en vigueur en 2016. Grâce à celle-ci, le ministère de l’Intérieur anglo-saxon peut contraindre les sociétés technologiques à désactiver des fonctionnalités de sécurité, comme le chiffrement de bout en bout, sans en informer les utilisateurs. Elle couvre également d’autres mesures, parmi lesquelles le stockage de l’historique de navigation des internautes par les opérateurs et la collecte massive de données par les forces de l’ordre. Avec ce texte, le gouvernement dit vouloir lutter contre le terrorisme, la pédopornographie et préserver la sécurité des citoyens.
Inscrivez-vous à la newsletter
En vous inscrivant vous acceptez notre politique de protection des données personnelles.
Dès son lancement, l’IPA a suscité de vives inquiétudes de la part des défenseurs de la vie privée, la qualifiant de « loi de surveillance la plus extrême jamais votée ». Elle ne fut pas bien accueillie par les géants de la Tech non plus, en raison de la délicate problématique liée au chiffrement.
Sept ans après l’adoption de cette législation controversée, le gouvernement britannique souhaite serrer un peu plus la vis. Actuellement, il faut passer par un processus de contrôle indépendant pour supprimer des fonctionnalités de sécurité. Les entreprises propriétaires peuvent faire appel avant d’être contraintes à s’y conformer. Toutefois, avec la proposition de mise à jour de l’IPA, les fameuses fonctionnalités seraient immédiatement enlevées.
Le chiffrage de bout en bout, destiné à protéger les échanges des utilisateurs, pourrait donc être désactivé abruptement d’un appareil. Or, cela en impacterait la sécurité, ce qui inquiète particulièrement Apple.
Apple techniquement et philosophiquement opposé à Londres
Un processus de consultation de huit semaines sur les changements proposés à l’IPA a été lancé. La réponse de l’entreprise de Cupertino ne s’est pas fait attendre. Dans un document de neuf pages, elle explique clairement qu’elle ne modifiera pas ses dispositifs de sécurité spécifiquement pour un pays. Cela l’obligerait à le faire pour tous ses utilisateurs autour du globe. Elle précise par ailleurs au ministère de l’Intérieur qu’il est hors de question de l’informer des changements apportés aux fonctionnalités de sécurité avant qu’ils ne soient effectués : l’une des exigences contenues dans ce nouveau projet de loi.
Elle rappelle également que certaines modifications requièrent une mise à jour de son système d’exploitation qui non seulement ne peut pas être faite en secret, mais s’avère aussi dangereuse. Pour enfoncer un peu plus le clou, Apple conclut par dire que ces propositions de loi « constituent une menace grave et directe pour la sécurité des données et la protection de la vie privée ».
L’entreprise américaine ne laisse aucune marge de négociation possible au gouvernement britannique. Si la nouvelle législation voit réellement le jour, elle n’hésitera pas à supprimer les applications FaceTime et iMessage au Royaume-Uni. Elle l’assure haut et fort, elle compte préserver, coûte que coûte, la vie privée et la sécurité des utilisateurs.
Il y a peu, la société de Cupertino s’est également opposée au projet de loi britannique intitulé “Online Safety Bill”. Il vise à modérer plus efficacement les contenus et empêcher les mineurs d’accéder à des contenus publicitaires ciblés et pédopornographiques. Pour cela, le gouvernement anglo-saxon veut forcer les messageries à scanner le contenu des discussions, les obligeant à briser la promesse du chiffrement de bout en bout. Tout comme Apple, WhatsApp s’est fermement opposé à ce texte. De son côté, Signal menace de quitter le territoire s’il entre en vigueur.