Réinventer l’avenir de la beauté, voici la promesse des nombreuses entreprises présentes à l’édition 2023 du salon VivaTech. Elles sont toutes venues exposer leurs dernières innovations technologiques, parfois encore très futuristes. C’est un fait, la technologie s’intègre de plus en plus dans les cosmétiques, mais à quel point peut-elle révolutionner le marché ?
Des innovations prêtes à l’usage
Au centre du salon, la “Dream box” de 600 m² du groupe LVMH attire la foule. Franck Le Moal, directeur IT de LVMH y présente les dernières innovations du numéro un du luxe mondial. Parmi elles, le “Hair Diagnostic” de Sephora. À l’aide d’une lentille posée sur l’iPhone des Beauty advisor en magasin, une interface digitale réalise un diagnostic du cheveu de la cliente instantanément. Accompagné de l’expertise de la conseillère, l’outil d’intelligence artificielle génère des recommandations de produits. Cette nouveauté sera lancée en début d’année prochaine dans les Sephora américains. Aucune date de lancement en Europe n’est prévue à ce jour.
Côté parfum, le “Fragrance Diagnostic” vient aider les clients à trouver le parfum qui leur correspond à l’aide d’une expérience digitale et immersive. Après avoir renseigné son budget et le type de produit recherché sur un écran géant, le client va être invité à sentir, à travers un diffuseur, six familles olfactives principales. À chaque senteur, il indiquera a aimé ou non pour ensuite poursuivre l’expérience en combinant des sous-familles olfactives et connaître les recommandations générées par l’IA. La technologie sera présente au magasin de la Défense à partir de lundi prochain et au sein du magasin des Champs Elysées lors de sa réouverture.
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Deux outils qui s’ancrent parfaitement dans la réalité, là où la technologie est complémentaire à l’expertise humaine. Tout comme le diagnostic de peau et la personnalisation par IA que l’on retrouve dans plusieurs start-up coréennes. Parmi elles, ICON.AI et son miroir connecté à l’assistant vocal Alexa de Amazon, Chowis et sa lentille superposable au smartphone ou encore Perfect Corp.
Chez L’Oréal, « la tech va permettre de rendre la beauté plus inclusive et plus durable »
Au centre du salon, la taille du stand L’Oréal est à la hauteur du niveau de ses innovations. Le leader mondial de la beauté présente cette année 13 innovations autour de la personnalisation, l’inclusivité et le développement durable. Le BeautyTech Program Director de L’Oréal, Stéphane Lannuzel, explique à Siècle Digital, « Depuis 10 ans chez L’Oréal on a senti que la technologie allait disrupter le monde de la beauté. On a alors réfléchi en termes d’usage en rendant la beauté plus inclusive et plus durable ».
Le pari est gagné avec l’une des innovations majeures de L’Oréal : Hapta par Lancôme. Un bras télescopique qui maquille lui-même les personnes subissant une dextérité limitée, de l’arthrite ou tout autre problème de santé limitant un geste précis. « Ce problème répond à 50 millions de personnes dans le monde. La technologie utilisée, en partenariat avec la filiale de Google, Verily, est un mélange de capteurs, senseurs et algorithmes d’apprentissage, » développe Stephane Lannuzel.

Hapta par L’Oréal. Image : L’Oréal
Hapta permet de gommer le tremblement pour éviter de faire bouger le raisin du rouge à lèvres. Testée dans un premier temps sur le rouge à lèvres, le lancement est prévu début 2024 aux Etats-Unis dans les points de vente Lancôme pour un prix compris entre 149 et 199 €. La technologie a été éprouvée sur une centaine de personnes. « Ce qui m’a beaucoup marqué quand j’ai vu les retours de ces personnes c’était l’émotion, c’est vraiment la première fois qu’elles arrivaient à appliquer leur rouge à lèvres seules avec un résultat parfait » appuie le directeur.
Selon lui, même si toutes ces innovations ont un bel avenir devant elles, la plus prometteuse à ce jour, par sa simplicité d’utilisation et son large public, serait le “ Spotscan+ ” de La Roche-Posay. Elle répond à ce constat : 80 % des adolescents et 40 % des adultes souffrent de problèmes d’acné. L’application aux 13 algorithmes est capable à partir de 3 photos de déterminer le degré d’acné présent sur une échelle de 0 à 4.
Spotscan+ propose ensuite des produits de la marque, spécialiste des peaux à tendance acnéique. « C’est une pathologie difficile à traiter » argumente Stephane Lannuzel, « Je crois beaucoup à cette approche de diagnostic et de recommandations. Pour moi l’étape d’après c’est le coaching, une application qui aiderait au jour le jour à s’assurer que quotidiennement vous utilisez les bons produits ». Un projet déjà en cours de développement nous confie-t-il.
Des consommateurs éduqués aux technologies
Concernant l’approche environnementale, L’Oréal s’est donné pour mission de réduire sa consommation d’eau en salon de coiffure avec sa dernière innovation “Water Saver”. À l’aide d’une douchette équipée d’une technologie de micronisation des gouttelettes d’eau, les salons L’Oréal Paris pourront réduire considérablement leur consommation d’eau et par conséquent d’électricité. 3 000 salons ont été équipés et ont déjà réduit de 69 % leur consommation d’eau. « À ce jour, 42 millions de litres d’eau ont été sauvés soit l’équivalent de 16 piscines olympiques. Notre objectif est de déployer Water Saver dans plus de 100 000 salons » commente le directeur.

Water Saver par L’Oréal. Image : l’Oréal
Toutes ces innovations ont certes été pensées pour répondre à un vrai usage et des enjeux majeurs, mais sont encore aux prémices de leur développement. Cependant, tout laisse à penser que le consommateur est prêt à recevoir certaines de ces technologies. « Nous vivons dans la technologie tous les jours avec nos smartphones, nous sommes habitués à cette technologie. Chez L’Oréal, nous réfléchissons toujours à ce qu’il y ait un sens, un impact et une facilité d’utilisation » soutient Stephane Lannuzel.
La Beauty Tech est un marché qui se développe très vite et qui va continuer de se développer dans le futur avec un réel impact dans l’usage au quotidien. En tout cas, Stephane Lannuzel en est intimement convaincu : « J’étais chez L’Oréal à l’époque de la montée du e-commerce et l’on ne pensait pas que la beauté avait sa place pour les mêmes raisons. Finalement aujourd’hui plus de 28 % de notre chiffre d’affaires est réalisé en ligne, ce sera pareil pour la tech ».