Dans le monde de la robotique, il existe un phénomène intitulé la « vallée de l’étrange ». Cette théorie dit que plus l’apparence d’un robot se rapproche de celle d’un humain, plus ses imperfections ressortent et dérangent. Pour pallier ce problème, les entreprises du secteur ont fait le choix soit de concevoir des automates proches de la machine soit de leur donner un aspect fantaisiste qui s’éloigne de celui de l’Homme. Enchanted Tools, une start-up parisienne, a choisi la seconde option pour proposer des robots logistiques à destination des hôpitaux, mais également de l’hôtellerie et de la restauration. Le 14 juin, lors de la 7e édition de VivaTech, elle présentait Miroka, une version améliorée de Miroki dévoilé en novembre dernier.

Un robot capable de saisir des objets

« La mauvaise route à emprunter lors du développement de robots, c’est de justement construire un robot à la place d’un personnage », s’est exprimé sur scène Jérôme Monceaux, fondateur et président-directeur général de Enchanted Tools. Miroka est équipé de deux préhenseurs faisant office de main. Ces derniers lui permettent de saisir des objets pouvant peser jusqu’à 3 kg.

François Toussaint, directeur financier, a expliqué à Siècle Digital que « prendre des objets est une activité compliquée pour les robots ». Pour contourner le problème, la start-up a élaboré des poignées que Miroka est capable de repérer et d’attraper, « cela permet de limiter ce qu’il est capable de prendre et ne peut pas prendre ».

Afin de se déplacer et ne pas gêner des espaces sociaux souvent encombrés, les appareils de la famille Mirokaï possèdent un pied sphérique qui leur permet de se mouvoir dans toutes les directions. « La mobilité est un élément essentiel pour ne pas gêner le personnel qui évolue dans ce genre d’environnement », déclarait Jérôme Monceaux.

Contourner le problème de la « vallée de l’étrange »

L’apparence de Miroka, mais aussi de Miroki, dont le design est à la croisée entre un enfant et un animal, est un choix délibéré de Enchanted Tools. Selon François Toussaint, celui-ci « permet d’éviter la déception ». Les attentes auprès d’un robot proche de l’humain seraient plus élevées que pour une machine au visage animalier. « Miroka ne crée pas de déception, car son apparence ne le permet pas, ce qui évite également d’effrayer les gens », confiait-il.

Si Enchanted Tools met en avant ses technologies comme des robots logistiques, leur aspect pourrait pousser les gens à les prendre pour des robots de compagnie. Une crainte qui n’a pas lieu d’être pour le directeur financier de la start-up qui estime « qu’une fois qu’il est en mouvement, nous comprenons très bien son utilité ».

Quel futur pour Enchanted Tools ?

La commercialisation de Miroka devrait commencer en 2025. Certains exemplaires ont déjà été vendus à des universités qui ne disposent pas des moyens requis pour construire de telles machines. « Elles ont montré beaucoup d’intérêt pour nos produits afin de développer leur recherche », note François Toussaint.

Pour le moment, le coût de production d’un tel appareil est aux alentours de 100 000 euros, sans optimisation. Enchanted Tools table sur un prix de vente de 30 000 euros, avec un abonnement pour l’entretien réseau. Le but de la start-up est de vendre 100 000 unités au cours des dix prochaines années, « un objectif atteignable, car ils risquent d’être fortement utilisés dans le domaine hospitalier, notamment pour aider les infirmières et les aides-soignantes sur certaines tâches pénibles ». Pour le moment, cinq sites situés sur la capitale réfléchissent à se procurer un produit de Mirokaï.

De plus, la société parisienne a pour plan d’ouvrir une usine urbaine, surnommée Willy Wonka, accessible au public. Soutenue par la région Île-de-France, elle prévoit de construire une plus grande manufacture pour augmenter sa production. 600 robots sont attendus entre 2024 et 2025.