Doctrine, la legaltech célèbre pour son moteur de recherche juridique agrégeant des décisions de justice, a été rachetée par Summit Partners. Le fonds américain aurait déboursé par moins de 120 millions d’euros pour acquérir la jeune pousse française qui se qualifie de « première plateforme d’intelligence juridique ».
Doctrine, le moteur de recherche spécialisé dans le droit
Summit Parteners est connu pour être un spécialiste du growth equity. Si le Venture Capitale s’adresse à de jeunes entreprises et que le Private Equity s’intéresse aux structures plus matures, le growth equity est à mi-chemin entre les deux. Par le passé, ce fonds américain a soutenu des start-up devenues des géants à l’instar d’Uber, de Veepee, le spécialiste du déstockage, ou de Sézane, l’enseigne française en ligne de prêt-à-porter. Depuis, l’entreprise a revendu ses parts, et s’intéresse à d’autres marchés.
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C’est dans cet élan de renouveau qu’elle a décidé d’acquérir Doctrine selon les informations du journal Les Échos. Cette start-up française a été fondée en 2016 par Raphaël Champeimont, Antoine Dusséaux et Nicolas Bustamante. Les trois associés proposent un outil d’intelligence juridique : une solution permettant de comprendre la jurisprudence, la doctrine, les codes, les lois en fonction des législations de chaque pays. Les professionnels du droit obtiennent ainsi des informations claires qu’ils peuvent comprendre rapidement, sans avoir à faire une multitude de recherches sur le web classique.
Ce moteur de recherche spécialisée dans le monde du droit a réussi à séduire près de 11 000 clients et plus d’un million de visiteurs par mois. En sept ans d’existence, la société n’a levé que 12 millions d’euros. Elle s’est appuyée sur plusieurs fonds de capital-risque, à savoir Otium Venture, Kima Ventures et TheFamily, et a obtenu le soutien de Xavier Niel, très intéressé par le projet.
Fort de son évolution, l’entreprise réussit à atteindre les 18 millions d’euros de revenus récurrents annuels. Un chiffre qui intéresse les investisseurs et qui a sans doute convaincu Summit Parteners de mettre plusieurs dizaines de millions d’euros pour acquérir Doctrine. En parallèle, la family office Peugeot Invest fait son entrée dans le capital de la start-up en tant qu’actionnaire minoritaire. « C’était important pour nous d’avoir un fleuron de l’entrepreneuriat français au capital » , précise Guillaume Carrère, le PDG de Doctrine.
Une legaltech qui s’est fait un nom sur fond de polémiques
Malgré ces opérations qui vont permettre à Doctrine de franchir un cap supplémentaire, la legaltech est connue dans le monde du droit pour aider les professionnels du secteur, mais aussi à cause de polémiques. En 2018, Le Monde a mis en lumière des soupçons de pratiques de typosquatting, une technique issue du phishing et qui se base sur l’imitation de nom de domaines d’entreprises et d’institutions. En utilisant ces faux noms de domaines, l’entreprise aurait envoyé une multitude de mails à des structures juridiques afin de récupérer un maximum de décisions de justice auprès de différents greffes. De cette manière, la start-up aurait pu étayer et diversifier son contenu pour ses utilisateurs.
Quelques mois plus tard, cinq éditeurs juridiques ont décidé de porter plainte contre Doctrine pour suspicion de concurrence déloyale et pratiques commerciales trompeuses. Ce n’est qu’en février dernier que le tribunal de commerce de Paris a finalement donné raison à Doctrine. Elle a ainsi condamné les éditeurs à une amende de 75 000 euros chacun pour procédure abusive et pour le paiement des frais de justice. Dalloz, LexisNexis France, Wolters Kluwer France, Lextenso ont décidé de faire appel de cette décision à la fin du mois de mars 2023.