Renaissance Fusion, start-up basée à Grenoble, a bouclé un tour de table de série A lui permettant de lever 15 millions d’euros. La jeune pousse française est spécialisée dans le nucléaire. Elle a décidé de parier sur une technologie encore immature, la fusion nucléaire. Elle espère incarner l’avenir d’une Union européenne débarrassée de sa dépendance aux énergies fossiles.

Un réacteur révolutionnaire qui exploite la fusion nucléaire

Grâce à la participation de Lowercarbon Capital, un fonds d’investissement tourné vers les projets favorisant le zéro carbone, Renaissance Fusion a obtenu la somme qui lui était nécessaire pour continuer à mener à bien son projet. HCVC, Positron Ventures et Norssken, trois autres investisseurs européens, HCVC, Positron Ventures et Norssken ont également pris part au tour de table.

Comme le précise Sifted, en se basant sur la fusion nucléaire, la start-up espère faire des miracles. Afin de produire de l’énergie au sein des centrales nucléaires, la fission nucléaire est le procédé habituellement utilisé. Un neutron va être projeté sur un noyau atomique lourd, généralement de l’uranium 235 ou du plutonium 239 afin qu’il se divise en deux atomes plus légers. Ce phénomène permet de créer de la chaleur, ce qui favorise la vaporisation de l’eau. Cette vapeur fait tourner les turbines permettant le bon fonctionnement des générateurs électriques.

Pour ce qui est de la fusion nucléaire, deux noyaux atomiques légers sont fusionnés en un seul noyau beaucoup plus lourd. Cela dégage une énorme quantité d’énergie, bien plus que la fission nucléaire. C’est en s’appuyant sur ce phénomène que Rennaissance Fusion cherche à se démarquer des autres acteurs du secteur du nucléaire en Europe. Aux États-Unis, cette énergie est considérée comme l’avenir et Joe Biden n’a pas hésité à donner un coup de pouce aux entreprises travaillant sur le développement de la fusion nucléaire.

Renaissance Fusion espère que sa machine soit opérationnelle d’ici dix ans

Grâce à la somme levée par Francesco Volpe, fondateur, PDG et directeur technique de l’entreprise, les ingénieurs pourront peaufiner le réacteur stellarator qu’ils ont mis au point sur le papier. Cette machine permettrait d’accumuler et d’évacuer la grande quantité d’énergie et de chaleur d’une fusion nucléaire, de manière plus efficace et diffuse. Grâce à des aimants placés subtilement et du lithium dans son état plasma, le métal pourrait circuler en toute liberté dans un cylindre et être récupéré pour créer la vapeur d’eau nécessaire au fonctionnement du générateur.

Schéma présentant le réacteur mis au point par Renaissance Fusion.

Il est possible, grâce au réacteur imaginé par la start-up grenobloise d’introduire du lithium sous sa forme plasma puis de le récupérer après la fusion nucléaire pour favoriser la vaporisation de l’eau. Image : Renaissance Fusion.

Pour y arriver, la start-up souhaite tripler ses effectifs, pour atteindre 60 employés. La levée de fonds lui permettra d’acheter tout l’équipement dont elle a besoin pour sa recherche & développement. Elle pourra mener ses premières expériences et vérifier si leur réacteur a des chances de fonctionner ou s’il faut ajuster certains de ses paramètres. Pour le fondateur de l’entreprise, une telle machine ne verrait pas le jour avant les années 2030. Toutefois, ses équipes vont travailler pour essayer de trouver des usages commerciaux pouvant voir le jour avant la fin de la décennie.

Enfin, Renaissance Fusion se voit comme une alternative européenne pour relancer la filière du nucléaire. La France possède 56 des 126 réacteurs nucléaires en Europe, loin devant l’Espagne et la Belgique avec 7 centrales chacun. Si le nucléaire fait débat, notamment autour des déchets qu’il peut produire, il reste une énergie basse carbone en comparaison avec le pétrole, le gaz ou le charbon encore massivement utilisé par l’Allemagne pour produire de l’électricité.