Si autrefois, la création était vue comme un marché secondaire, aujourd’hui, elle est devenue une source de revenus conséquente pour de nombreuses personnes. Grâce à la démocratisation d’Internet et de plusieurs outils de création, l’économie créative représente, à l’heure actuelle, un peu plus de 300 millions de personnes contre moins de 150 millions en 2020. Dans le cadre de sa nouvelle étude, Adobe a analysé l’état actuel du marché dans son ensemble et l’impact de cette économie grandissante sur divers secteurs.

La croissance exponentielle de l’économie des créateurs

L’économie créative ou économie des créateurs prend en compte l’ensemble des revenus générés par les créateurs de contenu. Ces contenus sont généralement dédiés à une diffusion par les médias (internet, télévision, radio, cinéma, etc.) ou via des supports physiques comme les panneaux publicitaires. Que ce soit les influenceurs, les youtubeurs, les photographes, les vidéastes en tout genre, les graphistes ou les designers, ou autre : tous participent à l’essor de la création à travers le monde.

En deux ans, le nombre de créateurs à travers le monde, selon le point de vue Adobe, a plus que doublé. Toutefois, cette augmentation concerne quelques régions du monde, et n’est pas globalisée :

Carte présentant la localisation et l'évolution du nombre de créateurs dans le monde.

On remarque que les régions où l’économie de la création s’est le plus développée sur les deux dernières années se situent au Brésil, en Chine, mais aussi en Europe. Les États-Unis restent également un spot pour les créateurs, mais leur implantation dans cette économie est déjà actée depuis bien plus longtemps. Capture d’écran : « Future of Creativity » / Adobe.

Ainsi, les États-Unis ont gagné 34 millions de nouveaux créateurs, correspondant à une hausse de 40 %, la Corée du Sud en a gagné 11 millions, et on recense 10 millions de créateurs supplémentaires en Espagne. L’étude d’Adobe révèle que dans ces pays où l’économie des créateurs est bien implantée, presque une personne sur quatre ayant l’âge de travailler est un créateur.

Proportion de créateurs en France par rapport à la population totale.

En France, 25 % de la population globale peut être considérée comme un créateur. Ce chiffre est dans la moyenne mondiale. Au Brésil, l’économie de la création a fait un bond spectaculaire, à tel point qu’un habitant sur deux est un créateur. Capture d’écran : « Future of Creativity » / Adobe.

L’économie des créateurs a ouvert un large portefeuille de perspectives professionnelles, qui attirent ces générations qui sont moins intéressées par des carrières de bureaux au sein d’une même entreprise. Ainsi, 17 % des créateurs sont à la tête d’une entreprise, tandis que 39 % souhaitent le devenir un jour.

Cette croissance s’explique aussi par l’explosion des réseaux sociaux et de l’utilisation faite de ces derniers par les jeunes nés avant 2000, la génération Z. S’ajoute également la tranche d’âge juste au-dessus, plus généralement appelé les digital natives, les millénials ou plus globalement la génération Y.

L’avènement des réseaux sociaux et du métier d’influenceur parmi les créateurs

Deux des réseaux sociaux les plus utilisés par ces deux générations sont TikTok, une plateforme permettant de créer du contenu vidéo en quelques minutes, ainsi qu’Instagram, le réseau social détenu par Meta, maison mère de Facebook, permettant également de partager du contenu photo et vidéo. Les jeunes de la génération Z n’hésitent pas à se tourner vers ces outils pour découvrir et apprendre de nouvelles choses. Fascinés, entre autres, par ces outils, 14 % des créateurs sont des Millenials, tandis que 42 % d’entre eux proviennent de la génération Y, soit un total de 56 %.

Parmi tous les créateurs, on retrouve la catégorie des influenceurs. Ces personnes se basent, parfois, sur le business model suivant pour gagner leur vie : ils sont suivis par une grande communauté de personnes et sont contactés par des marques ou des clients qui souhaitent mettre en avant leur produit ou leur service. Ainsi, ils en font la promotion sur les réseaux sociaux afin de toucher leur communauté et l’inciter à acquérir ledit produit.

On retrouve parmi les influenceurs, les Youtubeurs, qui peuvent être rémunérés par YouTube mais aussi par les différents placements de produit qu’ils proposent dans leurs vidéos ou leurs posts sur les réseaux sociaux. Les influenceurs représentent 14 % de l’économie des créateurs. Dernièrement TikTok est passé devant Facebook et talonne désormais YouTube pour ce qui est du marketing d’influence, tandis qu’Instagram reste indéniablement le réseau social le plus utilisé par les marques pour faire leur publicité.

Bien entendu, le secteur de la création n’englobe pas uniquement les influenceurs. Comme évoque précédemment, il y a également des designers, des photographes, des vidéastes, des cinéastes, des illustrateurs. La liste est longue :

Graphique présentant la spécialisation des créateurs

Voici les secteurs de prédilections des créateurs à travers le monde. Les arts visuels et en particulier la photographie prennent la tête des activités des créateurs tandis qu’il est intéressant de noter l’arrivée progressive de technologies émergentes comme les NFT ou la réalité virtuelle/augmentée. Capture d’écran : « Future of Creativity » / Adobe.

Le bonheur au travail et les enjeux sociétaux : deux facteurs chers aux créateurs

La quasi-totalité des créateurs considère qu’ils agissent pour faire progresser ou défendre des enjeux sociétaux qui leur tiennent à cœur. Changement climatique, suffisance alimentaire, droit au logement, justice sociale, tous ces thèmes sont abordés par au moins 60 % des créateurs au cours de leur carrière. Un créateur sur deux considère que leurs créations et leur influence permettent de faire avancer le débat et de sensibiliser l’opinion, voire de faire entendre la voix de ceux qui n’ont pas l’habitude de l’avoir.

Enfin, le facteur de bonheur et d’épanouissement rentre énormément en compte dans le choix de devenir créateur. Selon l’étude, plus les créateurs partagent du contenu en ligne, plus ils se sentiraient heureux. La plupart des créateurs (69 %) affirment que la création et le partage de contenu en ligne seraient une échappatoire créative unique.

Graphique présentant la Fréquence de création par rapport au bonheur au travail

Ce graphique met en avant le pourcentage de créateurs heureux en fonction du nombre de posts qu’ils publient dans la semaine. Le Brésil est le pays où les créateurs sont les plus heureux et de facto, car ils sont ceux qui postent le plus souvent. En revanche, en Corée du Sud, le partage de contenus est moins fréquent, ce qui fait baisser le taux de créateurs heureux. Capture d’écran : « Future of Creativity » / Adobe.

En 2022, l’économie des créateurs s’élève à plus de 15 milliards de dollars. Une grosse somme que se partagent les influenceurs, blogueurs, vidéastes, photographes, et autres, un peu partout dans le monde. À ce stade, l’économie de la création est encore quelque chose de nouveau, mais les créateurs sont conscients de son plein potentiel et de la croissance exponentielle du secteur.