Le gouvernement israélien a annoncé la réduction de la liste des pays pouvant recevoir des armes cyber et commercer avec les entreprises israéliennes en vendant. Un moyen de se racheter, et de tenter de sauver NSO group, après les scandales de l’affaire Pegasus, qui a éclaté en juillet 2021. Dans la tourmente, l’entreprise de cyberespionnage est au bord du dépôt de bilan, et fait face à la pression de pays alliés à Israël.

Une réduction draconienne

Dès le mois de juillet 2021, les révélations ont commencé à tomber sur le logiciel espion Pegasus. Des révélations qui vont être un véritable coup de massue pour NSO, dont l’image est profondément entachée, tout comme celle d’Israël. Le gouvernement a longtemps tenté de protéger son joyau du cyberespionnage des mesures de rétorsion des pays touchés par les scandales. D’autant plus que Pegasus a été vendu à des nations qui ne font pas l’unanimité, en toute connaissance de cause du gouvernement de Naftali Bennett.

La liste des pays jugés aptes à acheter de tels logiciels, révélée par le média israélien Calcalist, a donc été revue par le gouvernement, et de manière drastique. Près de deux tiers des pays de la liste précédente ont été enlevés de la nouvelle, ce qui correspond à un passage de 102 nations à 37. Restent essentiellement des occidentaux, et souvent alliés géopolitiques d’Israël, comme les États-Unis, la France ou l’Allemagne. Quelques pays asiatiques sont toujours présents, à l’image de la Corée du Sud ou du Japon. Aucune raison n’a été donnée quant aux critères de sélection, de même qu’aucune justification sur le changement de liste n’a été apportée.

Ainsi, des anciens clients de NSO sont absents de la nouvelle sélection. Des clients souvent très critiqués, comme l’Arabie saoudite, le Mexique ou encore le Maroc, accusés d’avoir espionné à l’aide de Pegasus des journalistes et opposants politiques, ou encore plusieurs responsables français, dont Emmanuel Macron. Pour les entreprises spécialisées dans les armes cyber, il sera donc plus difficile de vendre à ces pays. Difficile, mais pas impossible. Il est en effet toujours faisable, pour une entreprise comme NSO, de demander une licence spéciale auprès du gouvernement, pour vendre à l’un des États non autorisés.

Améliorer l’image d’Israël et de NSO après l’affaire Pegasus

Cette annonce semble donc destinée à redorer le blason d’Israël, et tenter de sauver le soldat NSO. Les tensions sur la scène internationale sont en effet encore bien présentes à l’égard d’Israël. Les pays et personnalités espionnés par Pegasus sont amers, et beaucoup de géants américains, comme Apple et Facebook, ont porté plainte contre l’entreprise.

Récemment, les États-Unis l’ont même placée sur liste noire, l’empêchant de facto de commercer avec des américains. Une annonce importante, avec des conséquences qui le sont tout autant : à peine nommé, le nouveau PDG de l’entreprise israélienne a démissionné. Les révélations, les plaintes, les pressions ou encore les mesures américaines ont eu pour conséquence de précipiter la société au bord du précipice. Elle est proche du dépôt de bilan. Des investisseurs se sont manifestés pour reprendre la société, mais ils se sont vite évaporés.

Israël se serait également servi de NSO group et de ses produits (comme Pegasus) pour commercer et normaliser ses relations souvent tendues avec des pays de la péninsule arabique et du Maghreb. De quoi renforcer l’amertume des pays ciblés par le logiciel.

Il est aussi probable que cette nouvelle liste soit la conséquence de discussions entre Israël et des États cibles, comme la France et les États-Unis. Ces derniers sont des alliés puissants et historiques du pays, qui auraient du mal à s’en passer. Sans oublier qu’une réunion secrète s’est tenue entre Israël et la France au sujet des écoutes dont aurait été potentiellement victime Emmanuel Macron. Malgré la réduction de cette liste, le secteur du cyberespionnage reste un marché important pour Israël, qui accueille 27 entreprises spécialisées, sur 224 dans le monde.