Apple a lancé officiellement une plainte contre NSO Group, entreprise israélienne spécialisée dans le développement de logiciels espions, le 23 novembre, devant un tribunal californien. Cette plainte vise à « interdire à NSO Group de nuire davantage aux personnes utilisant les produits et services d’Apple ».

La décision d’Apple, salué par WhatsApp, également victime de NSO

En juillet, 16 rédactions animées par le consortium Forbidden Stories, associée à Amnistie internationale, ont révélé que l’un de ses logiciels espions, Pegasus, était utilisé par des États clients de NSO pour surveiller des politiques, militants des droits de l’homme, opposants, journalistes à travers le monde.

Apple souhaite faire reconnaître la responsabilité de NSO dans la surveillance et le ciblage de ses utilisateurs. Craig Federighi, vice-président senior de l’ingénierie logicielle d’Apple, a déclaré « Les acteurs parrainés par l’État, comme le Groupe NSO, dépensent des millions de dollars pour des technologies de surveillance sophistiquées sans qu’il y ait de véritables responsabilités. Il faut que cela change ».

Une décision dont s’est réjoui le directeur de WhatsApp, Will Cathcart. Il s’est dit « Très heureux de voir Apple se joindre à l’effort pour tenir les entreprises de logiciels espions responsables ».

Facebook, devenu Meta, poursuit NSO depuis 2019. L’entreprise est soupçonnée d’avoir visé 1400 utilisateurs de la messagerie avec un logiciel malveillant. Récemment, la Cour d’appel américaine à rejeter la demande de NSO de classer l’affaire au prétexte que le groupe « pouvait prétendre à l’immunité souveraine étrangère ».

L’entreprise a-t-elle encore un avenir ?

NSO, qui ne peut pas vendre ses logiciels à un pays sans l’approbation du ministre des affaires étrangères israélien, récite une ligne de défense constante. Le 23 novembre, en réponse à la plainte d’Apple, l’entreprise a répété que ses logiciels étaient développés uniquement pour lutter « les pédophiles et les terroristes » en dépit des révélations médiatiques. La société affirme que « Des milliers de vies ont été sauvées dans le monde grâce aux technologies de NSO Group utilisées par ses clients ».

Ces arguments n’ont pas convaincu l’administration Biden : début novembre, l’entreprise a été placée sur liste noire par les États-Unis avec trois autres sociétés similaires. Pour NSO, cela signifie qu’il ne sera plus possible de travailler avec aucune administration américaine. Il s’agit de la décision la plus lourde prise par l’administration contre un représentant du secteur.

Le New York Times rapporte que le gouvernement israélien aurait tenté d’infléchir la position américaine, sans succès jusqu’à présent. Pour NSO, le temps presse. La veille de l’annonce de la plainte d’Apple, l’agence de notation Moody’s a décidé d’abaisser la note de la dette de NSO. Elle considère que le risque de défaillance est élevé, entre les révélations médiatiques d’un côté et sanctions diplomatiques de l’autre. Des poursuites en justice ne risquent pas d’améliorer la situation de l’entreprise.