Hyundai Motor a récemment annoncé vouloir développer ses propres puces, afin de ne plus être dépendant des fabricants actuels. Ces derniers ne peuvent plus livrer dans les temps, à cause de la pénurie mondiale de semi-conducteurs. Le constructeur automobile emboîte ainsi le pas à certains de ses concurrents, comme Tesla.
Avec la pandémie de Covid-19, les ventes de voitures se sont effondrées. Dans le même temps, les confinements et le télétravail ont amené les constructeurs d’appareils électroniques à consommer de plus en plus de semi-conducteurs.
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Les constructeurs automobiles impactés par la pénurie de puces
Cette demande exponentielle a créé une pénurie de puces, poussant des usines qui en construisent à fermer. Lorsque les constructeurs automobiles ont relancé leurs productions, ils se sont retrouvés face à cette crise, et parfois en manque de stock, les empêchant ainsi de redémarrer comme ils le souhaitaient.
Hyundai, comme bien d’autres constructeurs, est impacté par la crise. L’entreprise coréenne a même dû fermer (temporairement) plusieurs de ses usines. Cette baisse de la production entraîne naturellement une baisse des ventes. Sans oublier le contexte du marché de l’automobile, qui n’arrange rien : la plupart des constructeurs passent en partie, voire totalement, aux voitures électriques. Ce vitrage accentue le besoin de puces, mais les fournisseurs n’arrivent pas à suivre la demande.
En produisant ses propres semi-conducteurs, Hyundai espère ne plus être touché par d’éventuelles pénuries. D’autres groupes ont précédé le constructeur coréen : Tesla et General Motors, souhaitent également supprimer tout intermédiaire dans la production et l’approvisionnement en puces.

En sautant l’étape des intermédiaires concernant les semi-conducteurs, Hyundai espère ne pas être impacté par d’éventuelles pénuries futures. Image : Hyundai.
« L’industrie réagit très, très vite »
Pourtant, ce choix de Hyundai peut sembler étonnant. Ses ventes n’ont, a priori, pas réellement souffert de la pénurie. Toutefois, José Munoz, directeur de l’exploitation au niveau mondial de l’entreprise, nuance en déclarant que les « mois les plus difficiles » ont été août et septembre, comme le rapporte Reuters.
Si la pénurie doit durer encore de nombreux mois, « L’industrie réagit très, très vite », à coups d’investissements, explique José Munoz. Intel a par exemple annoncé un important plan d’investissement en Europe pour construire des usines. TSMC, numéro un mondial dans la fabrication de semi-conducteurs, et Sony, vont construire une usine au Japon, soutenus par le gouvernement. L’Union Européenne veut investir dans ce secteur, et se doter de nouvelles structures.
Tous ces investissements ne sont pas une garantie suffisante pour Hyundai, qui ne veut plus se retrouver à devoir ralentir sa production par manque d’approvisionnement, « nous voulons pouvoir développer nos propres puces au sein du groupe, nous sommes donc un peu moins dépendants dans une situation potentielle comme celle-ci », affirme José Munoz. Il existe cependant plusieurs obstacles à cela.
Une autonomie difficile à atteindre
Tout d’abord, le développement en interne va prendre beaucoup de temps, et coûter beaucoup d’argent. Mais il faut aussi trouver du personnel suffisamment qualifié et expérimenté. L’ensemble de ces difficultés laisse penser que, même si certains constructeurs se lancent, la plupart des groupes automobiles ne pourront pas développer une filière de puces autonome.

Hyundai va avoir besoin de nombreux semi-conducteurs en plus, du fait de son rachat d’une partie de la société de robotique Boston Dynamics. Image : Hyundai.
« Il est plus probable que les équipementiers acquièrent et/ou s’associent avec les entreprises qui peuvent sécuriser l’approvisionnement », a expliqué Bob Leigh, directeur du développement des marchés commerciaux chez Real-Time Innovations, à nos confrères de TechCrunch. Pour développer cette nouvelle filière du groupe, Hyundai compte s’appuyer sur Hyundai Mobis, sa filiale de pièces détachées.
Devenir autonome dans la production de semi-conducteurs va donc se révéler difficile pour le constructeur, qui a pourtant besoin de plus de puces dans un avenir très proche. Il compte en effet produire plus de véhicules électriques dans les prochains mois aux États-Unis. Son usine, située dans l’Alabama, devrait être améliorée pour augmenter sa capacité. S’ajoute à cela la récente acquisition de 80% du groupe de robotique Boston Dynamics, ce qui va encore accroître les besoins en puces.