Hanoï menace d’interdire Facebook dans son pays si celui-ci ne cède pas aux pressions du gouvernement sur l’accentuation de la censure des contenus politiques locaux sur sa plateforme, a déclaré un haut responsable du géant américain des réseaux sociaux à Reuters.

Hanoï demande à Facebook de durcir les restrictions

Hanoï a réitéré sa demande à Facebook de renforcer les restrictions sur les messages critiques de ses utilisateurs à l’encontre du gouvernement. Il menace même d’interdire la plateforme dans le pays. « Ils sont revenus vers nous et ont cherché à nous faire augmenter le volume de contenu que nous limitons au Vietnam. Nous leur avons dit non. Cette demande était accompagnée de menaces sur ce qui pourrait arriver si nous ne le faisions pas”, a déclaré le haut responsable américain. À l’heure actuelle, Facebook compte environ 60 millions d’utilisateurs au Vietnam, et génère près d’un milliard de dollars de revenus dans ce pays touristique d’Asie du Sud-Est.

Malgré de nombreuses réformes économiques et un redressement du Vietnam ces dernières années, le Parti communiste au pouvoir depuis 1975 garde un vaste contrôle sur les médias et tolère peu d’opposition. En effet, le Vietnam est classé comme étant le 5eme pays en partant de la fin dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.

834 contenus déjà restreints

Bien que Facebook ait souvent fait l’objet de critiques de s’être conformé aux censures demandées par les gouvernements, comme cela a été le cas à Singapour, la porte-parole de la plateforme américaine ambitionne ne pas abandonner cette bataille au Vietnam : « Nous ferons tout notre possible pour que nos services restent disponibles afin que les gens puissent continuer à s’exprimer ». À l’heure actuelle, le réseau social affirme avoir déjà restreint l’accès à 834 publications au cours des six derniers mois.

Pour le ministre des affaires étrangères vietnamien, Pham Binh Minh, Facebook devrait respecter les lois locales et cesser de “diffuser des informations qui violent les coutumes vietnamiennes traditionnelles et qui portent atteinte aux intérêts de l’État ».

La directrice régionale adjointe des campagnes d’Amnesty International, Ming Yu Hah, estime que « Facebook a une responsabilité claire de respecter les droits de l’homme partout où ils opèrent dans le monde et le Vietnam ne fait pas exception ». “Les gouvernements du monde entier vont voir dans cette décision une invitation ouverte à enrôler Facebook au service de la censure d’État”, ajoute l’organisation, dans un communiqué, le 22 avril 2020.

Pendant la pandémie, le Vietnam a largement restreint l’accès aux réseaux sociaux tels que Instagram, Facebook, ou Messenger. Le Vietnam a lancé son propre réseau social local pour concurrencer le géant américain, toutefois sans grand succès, puisque sa popularité n’est pas suffisante comparé à Facebook, qui demeure très plébiscité par les vietnamiens. L’avenir nous dira si Facebook continuera à encaisser les menaces de Hanoï à son encontre.