Soitec, une entreprise française de conception et de fabrication de matériaux de semi-conducteurs, pourrait installer prochainement une usine aux États-Unis. Elle rejoindrait ainsi l’un de ses clients, Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), leader mondial du secteur, pour qui elle produit certains matériaux.

TSMC vient d’ailleurs de recevoir une enveloppe de l’ordre de 10,7 milliards d’euros de la part des États-Unis après avoir annoncé l’implantation d’une troisième usine, en début de semaine. Le coût total de ce projet s’élève à 37 milliards d’euros. Comme son partenaire, Soitec pourrait également espérer bénéficier des incitations financières du Chips and Science Act, une enveloppe dédiée à relocaliser l’industrie des semi-conducteurs aux États-Unis équivalant à 50 milliards d’euros. Tout comme le coréen SK Hynix et d’autres entreprises aimeraient également en profiter.

« Le fait d’être plus présents aux États-Unis nous permettrait de répondre plus rapidement aux besoins de nos clients », souligne auprès de Bloomberg Pierre Barnabé, directeur général de Soitec. Par ailleurs, renforcer sa présence aux États-Unis est un moyen d’assurer la pérennité d’une partie de ses affaires dans un contexte de restrictions imposées à la Chine.

« Dans le cadre de son plan stratégique, annoncé en juin 2023, Soitec a affirmé entendre poursuivre son développement à l’international, notamment aux États-Unis. Comme c’est traditionnellement le cas, le Groupe étudie de nombreuses options dans cette perspective. Soitec ne privilégie aujourd’hui aucune option et n’a arrêté aucune décision, » partage un porte-parole de Soitec à Siècle Digital.

Installée vers Grenoble, Soitec possède déjà des usines en France, en Belgique et à Singapour. La société est membre de l’alliance européenne dédiée à la production de puces électroniques qui vise à faire passer la part de marché européenne dans la production mondiale de 10 % à 20 % en moins de dix ans.

Travaillant avant tout pour l’industrie des smartphones, l’entreprise s’est peu à peu diversifiée pour les puces pour véhicules électriques, notamment avec l’ouverture en Isère d’une usine de semi-conducteurs leur étant dédiée. En 2022, la production de matériaux pour véhicules électriques représentait pour 13 % de ses revenus. Son objectif est d’atteindre les 20 % d’ici 2026. Soitec travaille également sur des puces à basse consommation d’énergie, notamment à destination des caméras de sécurité. Au cours de l’exercice 2022-2023, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 1,1 milliard d’euros.

Mise à jour 12/04/2024 : des éléments dans la version originale de cet article pouvaient induire le lecteur en erreur, notamment sur les projets de Soitec aux États-Unis où l’entreprise est déjà présente.