Stéphanie Schaer, directrice interministérielle du numérique (DINUM), et Markus Richter, secrétaire d’État allemand, commissaire du gouvernement fédéral chargé de l’informatique (Bundes CIO), ont signé une déclaration d’intention commune le 5 février, à Berlin. La France et l’Allemagne vont réunir leurs forces « afin de renforcer la souveraineté numérique de l’administration publique via un programme de travail commun ».

La France et l’Allemagne, main dans la main pour numériser le secteur public

Dans un premier temps, le projet consistera à développer conjointement une suite de produits numériques souveraine basés sur des solutions open source et interopérables. Elle s’articulera autour d’un service de messagerie instantanée à destination des agents publics. Bien que la France possède déjà un tel outil, Tchap, il n’est utilisé que par 460 000 fonctionnaires alors que l’hexagone en compte 5,7 millions.

À travers cette déclaration d’intention, les deux puissances européennes cherchent à « limiter les coûts et à capitaliser sur les efforts déjà menés par les deux pays pour atteindre cet objectif de souveraineté ». À terme, le ministère de l’intérieur allemand et la DINUM aimeraient développer des outils d’intelligence artificielle (IA) pour les employés de l’administration publique en s’appuyant sur de grands modèles de langage open source.

En décembre dernier, Stanislas Guerini, le ministre de la Transformation et de la Fonction publique, avec le soutien de la DINUM, lançait le projet ServicePublics+. Ce programme a pour objectif d’accompagner les services publics dans l’utilisation de l’IA. Il s’appuie sur le développement d’un outil d’IA générative baptisée Albert, qui devrait être déployé au sein des 2 600 maisons France services au cours des prochains mois.

« En signant cette déclaration d’intention, nous nous engageons mutuellement, avec nos homologues allemands, à franchir un pas de plus vers la souveraineté numérique de nos États et vers la montée de qualité d’outils numériques mutualisés et performants, » assure Stéphanie Schaer. De son côté, son homologue allemand, le docteur Markus Richter, est convaincu que « c’est en fonctionnant par alliance, avec d’autres pays, qu’il sera possible de disposer d’outils libres et performants, dont certains sont déjà présents dans des administrations, et de permettre à toute entité publique de les utiliser ou de s’y interfacer ».

En effet, la France et l’Allemagne ont pour ambition d’élargir leurs coopérations à d’autres États membres de l’Union européenne, sur la base du volontariat. Ils présenteront leur projet à l’occasion de la prochaine réunion des directeurs des systèmes d’information des pays membres de l’UE qui se tiendra en mai 2024. En janvier, à l’occasion du Forum économique mondial à Davos, Emmanuel Macron s’était placé en chef de file de la souveraineté européenne, plaidant pour l’usage d’outils développés sur le vieux Continent.