Alors que les États-Unis ne semblent pas voir le bout du tunnel de l’épidémie de Covid-19, la société américaine de recherche et de conseil Forrester publie un nouveau rapport à destination des entreprises. À la crise sanitaire, fait suite la double lame de l’impact économique, exigeant une prise de conscience que les paradigmes antérieurs ne s’appliquent plus. Les entreprises qui ne se sont lancées dans la transformation digitale qu’avec parcimonie mesurent aujourd’hui l’inadaptation aux grands bouleversements des usages et pratiques numériques que la pandémie accélère. Et c’est peu dire, sans métaphore douteuse, ça secoue et de larges pans des organisations se retrouvent à faire du Rallye avec une Kangoo.

En ce moment, chaque entreprise comprend ce que signifie être -vraiment- numérique

Les particularités de la crise induisent de la volatilité et de l’incertitude qui deviennent une norme et dont personne ne sait s’il y aura vraiment un retour “à la normale”. Alors qu’on a confiné dans à peu près tous les pays, qu’il y a un risque non négligeable que l’on soit amené à réitérer la manoeuvre, “les dirigeants ont pu observer à quels points “les fournisseurs de services et produits Cloud ont étés utiles pour servir le consommateur, maintenir la productivité des collaborateurs et poursuivre le développement malgré la fragilité de la supply chain. De nombreuses entreprises ont également pu concrètement constater l’importance de l’adaptativité de ces services, pour gérer des pics de trafic comme nous l’évoquions avec le cas Baby Sittor, ou à l’inverse, pour optimiser ses coûts en cette période de crise coûts d’infrastructure à l’exemple de Teads.

Sans aller jusqu’au fameux truisme qu’une crise est également une opportunité, la “récession pandémique” est peut être le dernier cahot en date qui va amener un nombre non négligeable d’organisations à prendre à bras le corps la transformation digitale, car que la crise se poursuive ou que tout redevienne stable, la démarche permet l’agilité et l’adaptativité nécessaire pour vivre dans une économie instable ou prépare au mieux la croissance lors de la reprise.

Externaliser pour gagner en rapidité et orchestrer pour devenir concurrentiel

Les analystes de Forrester avancent que les entreprises doivent s’engager dans de “l’innovation par les écosystèmes”. Cette approche lean implique que les entreprises se posent la question : “ Quel est le minimum que nous puissions faire nous-mêmes et le plus que nous puissions obtenir des partenaires ?”. En exploitant ressources et expertise du Cloud, l’idée sous-jacente est que les entreprises puissent construire des partenariats de co-innovation avec “un nouveau niveau d’engagement, d’alignement et d’implication des dirigeants”.

Tout dépend donc de la manière dont une organisation se structure en interne et gère sa relation avec l’écosystème et les fournisseurs de logiciels, de cloud ou de services dont elle tire parti. Le rapport prend l’exemple de Goldman Sachs qui s’est lancé dans le secteur du prêt au détail avec sa filiale Marcus. McKinsey & company a orchestré un pool de ressource cloud dont -notamment- Adobe Analytics, docuSign, Microsoft azure et Salesforce pour un lancement en 18 mois. La clé reposait donc sur l’orchestration, car aucune des partie ne n’offrait d’éléments différenciant en elle-même (chaque partenaire proposant une solution sur étagère). La valeur unique résidait dans l’intégration, l’instrumentation et l’activation des différentes parties prenantes pour “entrer sur un marché concurrentiel avec une offre simple et peu coûteuse via une nouvelle plate-forme commerciale”.

Cet écosystème permet d’externaliser à des experts sur chaque brique qu’une organisation exploite. Ces partenaires possèdent eux-mêmes des écosystèmes dynamiques qui dopent leur offre. Ainsi, Salesforce, c’est 170 000 participants à son événement “Dreamforce 2019” avec plusieurs milliers de partenaires logiciels/services qui travaillent de manière imbriquée avec sa solution, à l’exemple de Tilkee qui enrichit la solution en proposant un produit intégré à Salesforce.

Un switch à opérer du côté des fournisseurs de services, logiciels et cloud

Forrester rappelle que “que toutes les parties sont récompensées lorsque l’entreprise au bout de la chaîne de valeur accomplit quelque chose qui importe : prise de commande, augmentation des recettes, réduction du coût du service, traitement des réclamations, intégration du client et atténuation des risques”. Ces fournisseurs (ainsi que leurs propres partenaires) devraient ainsi, selon le rapport, passer à une approche axée sur la réalisation de valeur (shift to a value-realized approach dans le texte).