Le 6 avril 2016, Emmanuel Macron, jusqu’ici peu connu du peuple, lance son mouvement politique « En Marche ». Premier meeting à Amiens : 300 personnes, selon le documentaire « Ainsi soit Macron ». Puis, le 7 mai 2017 à 20h, Emmanuel Macron remporte son duel face à Marine Le Pen grâce à 66% des suffrages et devient président de la République. Depuis, médias et citoyens semblent étourdis par cette soudaine victoire. Ils tentent de décrypter à coups de papiers et de documentaires qui est l’homme et le futur président. Des documentaires dont le final du montage se fait le jour même de la diffusion qui sont légions après les présidentielles, parce qu’il faut voir, il faut comprendre. Comment a-t-il fait ? Comment va-t-il faire ?

« En marche » comme une startup.

L’ordre ancien est bouleversé par ce nouveau processus électoral mis en place par Macron qui remporte son pari là où beaucoup d’autres (partis) politiques ont échoué. « En Marche » a fait monter la sauce car il a pris le parti de choisir la startup comme modèle à suivre. Peu de temps, peu de passé, du risque, une évolution rapide, une vision forte, un « marché » politique instable : c’est sur la définition même d’une startup que se sont appuyé la création et l’évolution du mouvement. Avec cette réussite, Macron dépoussière un peu l’image d’une politique française ridée qui paraît souvent en retard sur les besoins sociétales et professionnels. En fricotant avec les startups et la French Tech comme il le fait, la France signe peut-être la déchéance du French bashing étranger qui nous accusait d’être un peu old school.

La thèse de ce parti pris moderniste est validée par le documentaire les coulisses d’une victoire, diffusé par TF1. On pensera ce que l’on veut du contenu, mais il est certain qu’aucun documentaire politique n’a eu cette forme par le passé. Pas de voix off, un format embarqué qui laisse la parole à Emmanuel Macron mais aussi à son équipe : une génération exploitant la technologie et le numérique qu’elle a entre les doigts. Le format disruptif se suffit à lui-même pour mettre en avant l’image d’une jeunesse capable.

Parce que c’est son projet.

Après avoir été propulsé Président de la République, Emmanuel Macron souhaite continuer sur la même lancée. Pour lui, « la France doit devenir en 5 ans la nation des startups. » Depuis le lancement d’« En Marche », le jeune Macron séduit le monde du numérique et de l’entrepreneuriat. Il a entre autre assisté au salon Futurapolis à Toulouse, au CES à Las Vegas, au salon des Entrepreneurs à Paris, et d’autres. Comme quoi, il est possible de faire campagne sans se cantonner au salon de l’Agriculture. Macron accepte de traiter le digital comme un bouleversement des processus établis et souhaite « Chang[er] les usages et le rapport au risque. » Pour cela, voici les objectifs principaux de Macron :

– Lutter contre les inégalités d’accès au numérique, donc rendre la 4G accessible partout sur territoire ;
– Aider les entreprises (TPE et PME) à passer le cap du numérique ;
– Améliorer et personnaliser les services publics du quotidien grâce au numérique : pouvoir effectuer les démarches administratives depuis Internet, créer un compte citoyen qui rassemble les droits, encourager le numérique dans le domaine de la santé ;
– Donner à l’économie numérique un cadre réglementaire et fiscal adapté ;
– Construire une Europe du numérique.

En bref, un libéralisme qui se veut décomplexé et qui pourrait être un réel avantage pour cette jeunesse qui a soif d’entreprendre. Macron a aussi exprimé sa volonté d’intégrer les femmes au coeur de la transformation numérique, qui sont encore minoritaires sans les startups. Alors, est-ce que d’ici 5 ans la France deviendra la Startup Nation ? Nous attendons de voir.

Faire du neuf avec du vieux.

Et si Macron avait crée un nouveau modèle politique français ? Une gauche divisée entre Benoit Hamon et Manuel Valls, un Front National tiraillé entre le père et la fille, une droite aux allures conservatrices qui s’effondre avec François Fillon, et Jean-Luc Mélenchon qui fait son bonhomme de chemin solo. Le contexte politico-social et les événements tout en péripéties de cette campagne ont en tout cas largement favorisé l’émergence d’une proposition nouvelle et méconnue par la population et la sphère politique.

Après les résultats du second tour, Marine Le Pen a dit vouloir faire une refonte du Front National, passant pour pouvoir être capable de répondre aux attentes des Français dans le futur. De son coté, Benoit Hamon a annoncé vouloir lancer son mouvement « Dès demain » pour reconstruire une gauche divisée par le temps. La sphère politique semble aujourd’hui prête aux opportunités et aux évolutions comme cela n’a pas été le cas depuis longtemps. Et si cette époque laissait entrevoir un optimisme social (presque) collectif : et si tout était possible ?

Inspiré par : Usine Digitale