Face à la flambée des prix de l’énergie, certains particuliers cherchent aujourd’hui à devenir autonomes du réseau de distribution d’électricité. Pour ce faire, bon nombre d’entre eux s’arment de batteries domestiques, principalement dans le cadre d’une installation photovoltaïque. Aujourd’hui, il s’agit d’un marché en plein essor : en Europe, le nombre de batteries déployées chez les particuliers dépasse le million. En France, le constat est un peu différent.

Batterie domestique : de quoi parle-t-on ?

Vous en avez sûrement déjà entendu parler en ligne, mais connaissez-vous le rôle et le fonctionnement d’une batterie domestique ? Pour faire simple, elle permet de stocker l’énergie électrique sous forme chimique, puis de la restituer sous forme de courant continu. Lorsqu’elle est couplée à des panneaux solaires, la batterie conserve l’énergie produite par ceux-ci, permettant de l’utiliser lorsqu’ils n’en produisent pas assez. Cela peut arriver lors d’une journée un peu trop nuageuse, la nuit ou encore lors de pics de consommation.

Tout cela est rendu possible grâce à un onduleur intelligent, qui s’assure que l’électricité puisse être stockée dans la batterie et détermine automatiquement quand elle doit être utilisée. Certains dispositifs, comme le groupe électrogène Ecoflow, vous permettent même de contrôler chacun de vos circuits domestiques intégrés pour utiliser plus intelligemment votre énergie.

Une technologie plébiscitée pour des raisons économiques

À l’heure où les factures énergétiques gonflent, bon nombre de foyers décident de s’équiper d’une batterie domestique et de panneaux solaires pour diminuer leur consommation d’électricité du réseau. En effet, l’électricité autoproduite pouvant être stockée, il est possible de l’utiliser plus tard lors de moments de fortes consommations, comme le matin. L’été, dans certaines régions, œuvrer entièrement en autoconsommation est même possible. L’hiver, il est indispensable de s’appuyer sur le réseau pour subvenir aux besoins en électricité de sa maison pour pallier le manque de soleil.

Il est toutefois important de noter qu’au départ, la mise en place de ce dispositif demandera un certain investissement financier. Pour évaluer la rentabilité de l’installation, il faut prendre en compte le prix et la durée de vie de la batterie qui dépendra du nombre de cycles de charge-décharge. Celui-ci est très différent en fonction des modèles.

Côté environnemental, il est encore difficile de savoir le bénéfice de ces batteries, car il existe très peu de données sur leur empreinte carbone globale. Si nous nous référons à une étude menée par l’International Energy Agency en 2020, les émissions cumulées de gaz à effet de serre de 1Wh d’électricité produites par des panneaux solaires photovoltaïques sont de 54 grammes équivalent CO2 lorsqu’elle est directement consommée ou injectée dans le réseau. Cependant, elles sont de 80 à 88 grammes équivalent CO2 lorsqu’une batterie solaire est utilisée. Bien que l’impact reste moindre comparé à celui du charbon ou du gaz, il convient de souligner l’impact environnemental d’une batterie au sein d’un dispositif photovoltaïque. Or, pour être vraiment efficaces, les panneaux solaires doivent être raccordés à ce type d’équipement.

Une appropriation progressive en Europe

Pour ces raisons, en Europe, de nombreux particuliers se tournent vers l’autoconsommation solaire associée à un moyen de stockage. Une étude de l’université allemande RWTH d’Aix-la-Chapelle révèle que, rien qu’en 2022, 220 000 nouvelles batteries ont été installées dans des ménages allemands. C’est 52 % de plus que l’année précédente. Le même phénomène est constaté à grande échelle. Avec 47 installations, le stockage par batterie a augmenté de 910 % en douze mois. Bien que cet engouement ne soit pas nouveau dans le pays, il a pris de l’ampleur depuis le début de la crise en Ukraine.

Une croissance similaire est constatée en Europe. Selon un rapport du SolarPower Europe édité en 2022, le nombre de systèmes de stockage d’énergie par batterie résidentiels est passé de 650 000 à plus d’un million en un an. L’association estime que le chiffre triplera au sein du continent d’ici à 2026.

Qu’en est-il en France ?

En France, l’adoption du stockage domestique de l’électricité est plus lente. « Par rapport à d’autres pays européens de taille identique, le marché des batteries est resté minime compte tenu de sa population de 67,5 millions d’habitants », peut-on lire dans le rapport de SolarPower Europe. « La France, bien qu’elle soit l’un des principaux marchés de l’énergie photovoltaïque en Europe, restera peu équipée de batteries domestiques dans les années à venir en raison d’un manque d’incitations et d’un prix de détail de l’électricité relativement bon marché », expliquent les experts.

Ils considèrent toutefois que le marché devrait tripler, passant de 56 MWh en 2022 à 148 MWh en 2026. Malgré cette progression, l’Hexagone restera à la traîne face à ses voisins européens.

Pour l’organisme, « il est urgent d’établir des stratégies de stockage de l’électricité et des objectifs de stockage pour 2030 au niveau européen et national » si l’Union européenne souhaite répondre à ses nombreuses ambitions en termes de capacité solaire et éolienne d’ici à 2030.