Dans le cadre de l’édition 2023 d’un prestigieux concours de photographie, le Sony World Photography Awards organisé par la World Photograpjy Organisation, Boris Eldagsen a remporté un prix pour son œuvre The Electrician. Malgré sa victoire et le titre attribué par les juges, l’artiste a décidé de refuser le prix, expliquant que son œuvre a été conçue à l’aide d’une intelligence artificielle.

Un photographe utilise l’IA pour générer ses œuvres et gagne un prix prestigieux

Pseudomnesia: The Electrician est l’œuvre de l’artiste allemand Boris Eldagsen. Il s’agit d’une photographie en noir et blanc de deux femmes, posant l’une dernière l’autre. Il a ensuite décidé de participer au Sony World Photography Awards en proposant son œuvre dans la catégorie créative du concours. Le 14 mars 2023, l’artiste apprend la bonne nouvelle : les juges ont considéré que sa photographie était la meilleure proposée et lui ont donc attribué le premier prix.

Boris Eldagsen a pourtant décidé de tout simplement refuser cette consécration. Sur son blog personnel, l’artiste allemand s’est exprimé autour de son geste, « En participant à des concours, je souhaite accélérer le processus des organisateurs du prix pour prendre conscience de cette différence et créer des concours distincts pour les images générées par l’IA ». Il a toutefois pris le temps de remercier les juges tout en précisant qu’il s’agissait « de la première image générée par l’IA à gagner dans un prestigieux concours international de photographie ».

Pour Boris Eldagsen, peu de gens, si ce n’est personne n’a soupçonné tout au long du concours que son œuvre ait pu être conçue à l’aide de l’IA. Pourtant, il affirme avoir fourni un gros indice qui aurait pu guider les néophytes comme les professionnels à se douter de l’utilisation d’une machine. Son image fait partie d’une série de photographies intitulée Pseudomnesia : Fake Memories. Ses œuvres sont donc en réalité, comme ce nom l’indique, « de faux souvenirs d’un passé, qui n’ont jamais existé, que personne n’a photographié ».

L’intelligence artificielle comme entité créatrice : un débat ouvert qui fait dissensus

Ain de les concevoir, l’artiste allemand a utilisé un générateur d’images IA dont il n’a pas précisé le nom. Il aurait demandé à cet outil d’utiliser « le langage visuel des années 1940 ». Ces images ont donc été imaginées par le modèle d’IA en utilisant des techniques inpainting, d’outpainting et de prompt chuchotement. Plus simplement, l’intelligence artificielle s’est basée sur des images déjà existantes, en reprenant des éléments déjà présents sur ces photos ou en s’inspirant de leurs caractéristiques, pour proposer les photographies de Pseudomnesia : Fake Memories.

Avec l’avènement des IA génératives, à l’instar de DALL-E 2 d’OpenAI, capable de générer des images à la demande ou de les agrandir afin d’incruster de nouveaux éléments, de plus en plus d’artistes se tournent vers ses outils pour concevoir leurs œuvres. Savoir s’il est possible d’attribuer la paternité d’un concept, d’un objet ou d’une œuvre à une intelligence artificielle reste à l’heure actuelle un débat très ouvert. Toutefois, plusieurs pays ont déjà statué sur la question, affirmant qu’une IA ne peut pas être détenteur d’un brevet, et donc, ne peut pas être considérée comme une entité créatrice.