C’était un secret de polichinelle. Oui, Google fait bien du lobbying et a dépensé des millions dans le financement de recherches universitaires pour tenter d’influencer l’opinion publique et les décideurs aux USA et en Europe.

Efficace ou non, cela ne les a pas empêché de tomber sous le coup d’une amende record de 2,42 milliards d’euros le mois dernier. Une maigre consolation, compte tenu du nombre d’années depuis lesquelles l’entreprise sévit .

À l’instar de l’industrie du tabac, du pétrole ou de l’alcool en son temps, Google a usé de méthodes passives-agressives qui l’ont amené à financer des recherches qui soutiennent ses intérêts commerciaux a déclaré la CFA dans un rapport. La CFA est une association de responsabilisation et d’éthique américaine. La firme de Mountain View utilise ses immenses ressources afin d’influencer les pouvoirs publiques à tous les niveaux, « les législateurs doivent être conscients que le travail juridique et académique présumé indépendant sur lequel ils s’appuient a été financé par Google, » mentionne la CFA dans son rapport.

Dans le rapport Google Academics Inc, qui répertorie toutes les initiatives de recherche académiques de la firme, la CFA a identifié 329 articles de recherche publiés entre 2005 et 2017 sur les politiques publiques que le géant du Search avait financé. Des études rédigées par des universitaires et des économistes issus de certaines des plus grandes universités du monde comme, Harvard, Oxford, le MIT ou encore Stanford. Dans plus de la moitié des cas, ces recherches ont été financées directement par Google, le reste l’étant par des groupes ou institutions financées indirectement par la firme.

Des auteurs rémunérés entre 5 000 et 400 000 dollars qui n’ont pas révélé la source de leur financement dans 66% des cas selon l’Association de responsabilisation américaine.

Suite à ces déclarations Google a bien évidement riposté en qualifiant le rapport de trompeur car il prenait en compte toutes les organisations auxquelles ils ont déjà fait don d’argent … justement ! N’est-ce pas là l’objectif inavoué et inavouable d’un don ? Sauf cas exceptionnel, tellement exceptionnel qu’on le mentionne !
« Nous soutenons un Internet ouvert, une vision partagée par de nombreuses institutions et universitaires qui ont une longue tradition de recherche dans les domaines de la liberté d’expression, les brevets, ainsi que les droits d’auteurs, » a déclaré Leslie Miller, la directrice des relations publiques sur le blog de Google.
Cette dernière a affirmé que la situation était ironique compte tenu du fait que la CFA elle-même n’avait pas révélé ses bailleurs de fonds, dont un, Oracle. Une entreprise qui mènerait une campagne contre eux et qui finance aussi des centaines de recherches.

Ces pratiques de lobbying ne datent pas d’hier mais posent la question du pouvoir des États qui laissent de plus en plus de prérogatives au secteur privé. Toute idéologie mise à part, les plus grandes avancées ont été faites sous l’impulsion des états (conquête de l’espace, internet, découverte de l’Amérique, etc.). Un changement de paradigme qui doit donc être observé et encadré par … les Etats.

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