Voilà déjà de nombreux mois que je m’interroge à propos des curateurs de contenus. Pour alimenter leur blog, de plus en plus d’entreprises réalisent des tops ou des listes de personnes à suivre sur un domaine. On retrouve souvent – parfois à juste titre – le terme ‘influenceur’ dans ces tartines de comptes Twitter où se mélangent professionnels, blogueurs et curateurs. Une influence qui est donc à placer dans un contexte B2B avec un fonctionnement différent de son opposé.

Siècle Digital grandissant, on nous accorde souvent ce statut. Notre audience est ‘élevée’ et engagée, nos comptes sur les réseaux sociaux sont bien fournis. Il n’en faut parfois pas plus pour gagner le statut d’influenceur. Bien que je ne me considère pas vraiment comme tel, j’admet avoir une responsabilité sur ce que j’écris et ce que je partage. Comme pour des articles de fond où j’en viens à donner une analyse liée à mon expertise, elle doit être juste, et peut même ouverte à un débat constructif. Mais quoi qu’il en soit il faut donner le plus d’éléments pour ne pas induire un lecteur un peu naïf en erreur. Pour moi l’influence est donc liée à une autorité sur un sujet, une expertise, une audience (attentive), et une responsabilité quant aux trois précédentes.

Et le curateur dans tout ça ? Et bien le curateur, il n’écrit pas. Il partage. C’est là tout le problème. On s’accorde à donner une autorité à des internautes qui n’analysent pas. Ils exploitent des mécaniques toutes simples de Twitter à base de hashtags, bon timing, et outils de planification. Certains useront d’un avis critique plus ou moins aiguisé pour sélectionner des articles qui seront ensuite envoyés dans Buffer. Veille du matin, quelques clics, vous avez 10 articles planifiés sur Twitter et vous voilà curateur. D’autres ne lisent même plus. Ils lient Sociallymap ou IFTTT à des flux RSS et hop : 15 à 20 articles partagés dans la journée sans même s’assurer de leur justesse. De cette manière leurs comptes vont croître rapidement, enregistrer beaucoup d’interactions, juste parce qu’ils maitrisent quelques mécaniques. Pour peu que leurs articles aient tous pour thème les réseaux sociaux, les voilà devenus influenceurs en social media marketing. C’est beau. De cette manière, le curateur va s’approprier l’expertise et la valeur d’un contenu qu’il n’a pas écrit.

De l’autre côté du tableau, celui ou celle qui a écrit cet article gagnera en visibilité, et aura l’occasion d’avoir une prise de parole numérique plus large. N’oublions donc pas qu’il y’a une interdépendance entre le média/blog et les curateurs.

Le danger réside donc dans la quête du gain d’influence par ces utilisateurs, ainsi que dans l’accord du statut d’influenceur aux curateurs par ceux qui produisent ces articles de listing. On flatte l’égo, on donne du crédit, et on récolte moulte partages. La recherche de ces ‘x personnes à suivre’ est du niveau bac avec un simple outil qui va calculer qui a utilisé le plus de fois tel ou tel hashtag, ou tel ou tel mot. C’est ainsi que se mélangeront ceux qui écrivent et ceux qui partagent avec un statut d’influenceur et sans aucune cohérence.

Mais il faut rendre à César ce qui appartient à César. Fuir ceux qui pensent avoir trouvé, et suivre ceux qui cherchent. Espérons alors retrouver prochainement des creative technologists, des développeurs, des social media managers, des data analysts, car au final et du haut de leur expérience, ce sont eux qui savent ce qu’il y à savoir.