Depuis quelques années maintenant le jaune est une couleur phare des tendances prêt à porter de la saison « printemps-été ». On se souvient notamment des étoles fluo qui venaient égayer le gris de nos habits. Des touches qui viennent casser la continuité des formes graphiques pleines, créant une rupture dynamique. Ce n’est pas étonnant que les marques sportwear raffolent de cet effet contrastant.

Le jaune a également envahi le domaine de la maison. Les touches laissent place à des grands pans de couleur « poussin » sur les murs… loin des « taupes » des débuts de l’émission Déco. Cet artefact de panneau solaire illumine la pièce créant ainsi une ouverture physique et psychique.

À l’instar du monoï et des fleurs exotiques, la couleur jaune fait partie des codes graphiques récurrents de l’été. Une nouvelle fois, Pantone a désigné un jaune parmi les couleurs de l’été 2016, sous la déclinaison « buttercup ». Bref, en été, le jaune est célébré. Mais aujourd’hui, cela va au-delà d’une saison. Bien que le jaune porte en lui les valeurs de traîtrise, de mensonge et de tromperie (cf. le langage des fleurs), cette couleur est mise à l’honneur par les marques. En édition limitée comme Evian et sa bouteille Kenzo en 2015, ou en identité visuelle fondatrice comme Accastillage Diffusion qui reprend le jaune du ciré marin ou encore Eurostar et sa refonte graphique en 2011. Les marques culturelles suivent le pas avec l’affiche de la dernière édition du festival de Cannes. Enfin, et évidemment, nous pensons au petit fantôme de Snapchat qui ne sort jamais sans son jaune.

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La sphère consommation s’accorde donc à valider le jaune, que ce soit côté marque ou consommateurs. Socialement, nous pouvons analyser cela comme un signe positif. Les gens ne se laissent pas abattre en choisissant l’aspect positif de cette couleur : elle véhicule des valeurs de progrès et de prospérité.

Ce réinvestissement d’une couleur simple mais puissante s’est propagé dans différents secteurs de la consommation (prêt-à-porter, home, réseau social…) Cette tendance pourrait profiter à la grande distribution et au packaging car cette couleur est LA couleur de la promotion. Alors, la valorisation de cette couleur a-t-elle envahi les rayons des supermarchés ? Et bien non ! Le jaune reste un élément visuel promotionnel qui est voué à attirer l’attention du consommateur pour mettre en avant des produits dont le prix est réduit en one shot. Le jaune reste au rang de stop rayon et ne devient pas éléments identitaires du discount. Cela est dû à la nouvelle expression du « pas cher » : le vide du packaging. Le consommateur n’est pas capable de mettre en lien le coût des couleurs et de la recherche colorimétrique avec le prix du produit final mais il a bien compris que moins il y avait de fioritures sur le pack, moins il y aurait de zéro après la virgule. Le consommateur sera attiré par le jaune mais convaincu par le vide du packaging, en témoigne les marques 1er prix de Monoprix et discount de Carrefour.

Ainsi, le jaune en 2016 est synonyme de bonheur et de dynamisme. Et ne serait-ce pas une sorte de joie que de payer moins cher grâce à ces petits panneaux jaunes indiqués en magasin ?

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