Face à ses voisines européennes, la France accuse un retard conséquent en ce qui concerne la digitalisation de ses entreprises. C’est ce que font ressortir les résultats du sondage BVA pour Villa Numeris : près d’un quart des salariés estiment que leur entreprise est en retard dans sa digitalisation. Un constat édifiant, quand on sait que la France en compte 3,5 millions selon les statistiques de l’Insee*. Une des solutions pour rattraper ce retard est de penser dès le départ à la digitalisation, en incluant celle-ci en amont de la stratégie d’entreprise.

Les réseaux sociaux, facteurs de digitalisation

Les premiers à souligner le retard des PME françaises sont leurs salariés. Leur constat est plus nuancé que celui d’un retard considérable. En effet, près de la moitié d’entre eux estime que son entreprise est en bonne voie pour se digitaliser (53%). En revanche, seuls 11% d’entre eux placent leur entreprise parmi les précurseurs.
En matière de transformation digitale, les collaborateurs sont pourtant de facteurs déterminants. C’est ainsi que le Crédit Agricole a fait appel à une plateforme dédiée aux réseaux sociaux pour mettre en place un programme d’employés ambassadeurs. L’entreprise fournit ainsi du contenu de qualité à ses employés, qui le relaient sur leurs réseaux sociaux afin de nourrir leur communauté en informations sur le marché.
Les réseaux sociaux sont en effet un levier à ne pas négliger pour amorcer sa transformation : 15% des salariés sondés déclarent prendre la parole sur Facebook au nom de leur entreprise.

Changer la perception des outils de productivité

Les outils numériques de productivité sont confrontés à deux écueils :

  • La perception : ils souvent perçus comme étant complexes à implémenter et à gérer.
  • L’offre : pléthorique, elle est surtout fondée sur des acteurs qui s’adressent à un besoin spécifique. Rares sont les acteurs qui proposent une solution tout-en-un.

Pourtant, les entreprises sont nombreuses à comprendre l’intérêt qu’elles ont à avoir recours à des plateformes numériques pour gérer leurs différentes activités. Cela est d’autant plus vrai qu’elles évoluent dans un contexte qui les contraint à donner une dimension cross-canal à leur stratégie.
Un écueil supplémentaire est à prendre en compte : les outils numériques, pour la plupart, s’adressent souvent aux grands groupes, et sont donc conçus pour être intégrés dans des infrastructures volumineuses.
Dès lors qu’une PME a identifié son besoin, il s’avère alors difficile de trouver la solution adéquate. Or, sans l’accompagnement d’une plateforme qui réponde aux besoins spécifiques d’organisation ou de gestion de la relation client (CRM), on risque d’accumuler les échecs qui donnent lieu à une certaine méfiance.
Bien que les géants du CRM et des solutions SaaS aient déjà fait leurs preuves, il est nécessaire qu’elle mettent l’accompagnement des PME au cœur de leur stratégie. Ils se placeraient ainsi sur des marchés hautement porteurs.

Intégrer la transformation digitale en amont de la réflexion stratégique

Plusieurs raisons expliquent que les PME françaises aient tardé à amorcer leur digitalisation. La première est d’ordre stratégique : le numérique n’est pas systématiquement inclus en amont. Une approche product thinking, qui place le digital au début du projet, serait la solution idéale pour éviter d’avoir à subir les coûts humains et financiers d’une implémentation tardive. En prenant l’environnement digital comme point de départ, on a la possibilité de se poser les bonnes questions en amont : quels outils correspondront à l’activité de l’entreprise ? Quelles sont les spécificités sectorielles à prendre en compte avant de mettre en place la transformation digitale de l’entreprise ? Quels outils conviennent le mieux à l’organisation interne envisagée, à la culture insufflée au projet, ou à la future stratégie de vente ? L’entreprise évite ainsi d’avoir à tout restructurer autour du digital après s’être lancée sur le marché et peut gagner en productivité. Certes, l’implémentation d’un logiciel ou d’un service SaaS peut prendre du temps. C’est d’ailleurs un autre frein à l’adoption d’outils digitaux de productivité. Mais ce temps sera rentabilisé plus largement, d’autant que de nouveaux services, plus simples à prendre en main, naissent chaque jour et sont mis à disposition des PME spécifiquement.

La dernière clé, mais non la moindre, d’une digitalisation réussie, reste un engagement des pouvoirs publics en faveur de la transformation digitale des PME. Etant donné le contexte actuel, marqué par l’entrée en vigueur du RGPD, le moment est on ne peut mieux choisi pour amorcer une transformation digitale tout en étant d’emblée aux normes. La productivité future des entreprises pourrait bien provenir entièrement de la digitalisation des processus dans les TPE/PME et de leur transparence, au regard des réglementations. La France pourrait alors regagner son titre de fleuron historique de l’Europe en rattrapant son retard, et renouer pleinement avec la croissance.

**Rapport de l’Insee :  » Les entreprises en France « , édition 2016. Chiffres principaux ici