Une intelligence artificielle du nom de CaseCruncher Alpha s’est battue contre 100 des meilleurs avocats de Londres lors d’un défi.

L’évolution des intelligences artificielles peut parfois laisser sans voix. Il y a quelques jours, l’Arabie Saoudite a accordé la nationalité de son pays à un robot lors de la conférence « Future Investment Initiative » tenue à Riyadh. Cette décision a fait de Sophia le premier robot citoyen au monde, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle ère qui dépasse les utilisations de robots industriels pour faire d’eux des robots humains. Il n’y a qu’à voir comment Sophia s’exprime pour saisir à quel point ses expressions faciales ressemblent à celles d’un être humain. Difficile de ne pas imaginer des robots exercer nos métiers et se promener dans les rues d’ici quelques décennies. À propos des métiers que pourraient bientôt pratiquer les robots, la BBC a rapporté un défi majeur qui a eu lieu entre une IA et des avocats. Et devinez qui a gagné ?

CaseCruncher Alpha est le projet de 3 étudiants en droit de Cambridge, Jozef Maruscak, Rebecca Agliolo et Ludwig Bull. À la base, ils ont créé un simple chatbot chargé de répondre aux demandes de renseignement juridique. Puis de fil en aiguille, l’objectif a évolué et la machine s’est transformée en une intelligence artificielle capable d’affronter des avocats. Supervisée par deux juges, Felix Steffek (professeur de droit à Cambridge) et Ian Dodd (de la société Premonition), la compétition s’est déroulée entre l’IA et 100 avocats de Londres de haut niveau. Lors du concours, CaseCruncher Alpha et les avocats ont reçu les faits de bases concernant des centaines de cas de ventes abusives de PPI (d’assurance de protection des payement). Les deux entités étaient par la suite invitées à définir si l’Ombudsman financier autoriserait une réclamation ou non. Suite à la soumission des 775 prédictions, l’IA a finalement remporté la bataille avec un taux d’exactitude de 86,3% contre 66,3% pour les avocats.

avocat IA

Des résultats qui invitent à se poser la question suivante : qu’implique cette victoire d’une IA ? Cette dernière risque-t-elle de remplacer les humains à leur poste d’avocat ? La BBC précise que chacun des deux parties auraient pu avoir un taux d’exactitude plus bas ou plus élevé si les conditions avaient été différentes. Pour l’instant, CaseCruncher Alpha est capable d’analyser seulement les informations qu’il reçoit.

Surtout, ne manque-t-il pas d’un des aspects inaliénables de la condition du métier d’avocat, l’émotion humaine ? Lors d’une plaidoirie effectuée par un avocat, ce dernier est parfaitement capable d’alterner son discours entre le fait de convaincre et de persuader, cherchant parfois à véhiculer une émotion à l’assemblée qui se tient devant lui. Pour qu’un discours comme celui d’un avocat devienne action, ne doit-il pas obligatoirement comporter une émotion ?

Si c’est le cas, une IA n’est pas encore prête à remplacer l’humain au barreau.

Source : BBC