D’abord pendant 2 ans à l’Université d’État de Pennsylvanie puis 5 ans au MIT. Elle y a travaillé sur la médecine numérique, principalement sur le cœur et le cerveau. Depuis 2016 elle est senior software developer dans un grand groupe de data financière à New York.

En parallèle elle a lancé In Silico Veritas. Une société qui a plusieurs buts : faire connaître les nouvelles technologies au plus grand nombre et former les employés des entreprises et les leaders de demain aux nouvelles technologies.

Bonjour Aurélie, à côté de ta casquette de senior software developer tu as fondé In Silico Veritas. Une société qui a deux missions si j’ai bien compris ?

Oui deux missions. Une mission de cœur, mon bâton de pèlerin qui est de faire connaitre mon métier auprès des jeunes filles et des femmes.
Parce qu’à mon niveau senior développer, c’est un peu plus de 10 ans d’expériences dans le domaine nous sommes entre 3% et 5% de femmes … seulement. Il faut s’en rendre compte, c’est un chiffre qui est très bas et il faut changer ça absolument. Pour plein de raisons : économiques, sociétales, etc.
Et donc mon bâton de pèlerin c’est de faire connaître mon métier, d’être une avocate du numérique, une ambassadrice, et un rôle modèle parfois.

Et la deuxième mission est une mission de training, de coaching des employés, des leaders, des managers aux nouvelles technologies et ma théorie c’est de passer par l’apprentissage du code informatique pour comprendre les mécanismes et se former aux nouvelles technologies.

On parle souvent d’un manque de femmes dans les métiers des technologies. D’où est-ce qu’il peut bien venir ce ‘manque’ de femmes dans les technologies ? Côté entreprises ? Côté enseignement ? Ou plutôt nous citoyens qui n’avons pas la bonne vision ?

Je pense que c’est un peu de tout. Un problème multi-échelle et un problème multi-domain.
Multi-échelle parce que c’est de l’enfant à l’adulte. Même moi à 34 ans je vois encore cette différence de perception. Entre moi et un homme dans mon métier. Et du côté de l’enfant c’est qu’on va peut-être tendre plus facilement un jeu de Lego, un jeu de découverte, ou un jeu mécanique au garçon plus qu’à la fille. Donc ça c’est un problème multi-échelle qu’on retrouve autant dans le foyer familial, que chez les citoyens, ou chez les enseignants qui peut-être font des différences inconscientes. Il y a aussi les entreprises également.
In fine, je dois tout de même admettre qu’il y a un effort fait de la part des entreprises et de l’enseignement, mais on en est pas encore là.

Aussi, se pense que le problème principal est un problème de projection, pour les jeunes filles, car on ne peut pas imaginer devenir ce qu’on ne voit pas. Partant de ce principe les jeunes filles ont du mal à se projeter.
J’ai un très bon exemple que je donne souvent. Quand j’étais au MIT j’ai commencé à attirer des étudiantes dans le groupe de recherche pour leur apprendre à coder. Mes collègues masculins m’ont aussi aider c’était vraiment super comme expérience. Et j’ai demandé aux étudiantes pourquoi elles n’étaient pas venues avant pour apprendre à coder ? Et elles m’ont répondu avec une grande naïveté : « tout simplement parce qu’on ne t’avait pas vu. »
C’est quelque chose qui m’a motivé et j’ai décidé de me montrer et d’exposer mon parcours, mes envies, mes passions, et le code.

De plus en plus d’école intègre des cours de code. Pourquoi est-ce que c’est aussi important d’initier les enfants depuis leur plus jeune âge ?

C’est une manière de leur apprendre à réfléchir, de former leur esprit, de développer leur sens critique, et surtout développer leur sens logique sans pour autant passer par les mathématiques comme science dure qui peut créer des blocages. Donc c’est une manière plus douce de les amener vers un sens logique et de leur faire aimer les mathématiques.

Leur faire aimer les mathématiques, j’y crois beaucoup.

Et sans pour autant les former pour être des développeurs, il faut que les gens comprennent le code, comprennent comment ça fonctionne. Au même titre qu’on apprend à faire des analyses de texte au collège et au lycée on ne devient pas tous écrivain ou journaliste.

Partant de ce principe je pense que le code va rentrer dans ces disciplines nécessaires pour former l’esprit.

Le développement informatique est de plus en plus important pour le bon fonctionnement d’une entreprise et il permet aussi de créer de nouveaux produits ou de nouveaux services. Est-ce que le développeur ne serait pas l’ouvrier de demain ?

Ouvrier dans le sens qualification de masse … Je ne suis pas certaine. C’est difficile de répondre à une telle question.
Je pense que tout le monde saura coder, mais à un tel niveau pour être développeur qualifié c’est une autre histoire. On va surtout avoir besoin de développeurs avec des qualifications avec un spectre assez large. Je pense que c’est ça qui sera important.

Après … Je ne peux pas me projeter dans le futur de cette façon, mais je pense que tout le monde saura un peu coder. Ça c’est sûr.